Cet amendement est le premier d'une série consacrée à la doctrine du maintien de l'ordre. S'il y a un sujet important aujourd'hui, c'est bien celui-là, en effet, plutôt que la manière d'interdire à certains de manifester, sur la base de non-preuves et sous l'influence de concepts assez fumeux.
Nous avons actuellement une difficulté : les dispositifs de maintien de l'ordre engendrent une escalade. Je l'ai vu à Lille, ainsi que dans d'autres villes : lorsque le niveau de tension et de fatigue, du côté des manifestants ou de celui des forces de l'ordre, atteint un certain niveau, un événement minime peut, à chaque instant, faire basculer la situation dans une tension extrême, voire dans la violence.
Cela a été le cas à Lille lors de l'« acte 9 », si ma mémoire est bonne : quelques énergumènes ont un peu chahuté les policiers, qui ont immédiatement répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Or l'incident s'est produit un samedi après-midi, sur la grand-place de Lille, au milieu des terrasses de café et à proximité de la grande roue – les familles qui s'y trouvaient ont d'ailleurs dû l'évacuer. Pourtant, la masse de la foule était tout à fait pacifique et voulait simplement manifester à un emplacement qui de surcroît faisait partie du parcours officiel déposé par les organisateurs. J'étais présent et, à ce moment-là, le sérum physiologique, que j'avais été assez astucieux pour éviter de me le voir confisqué, m'a permis de ne pas avoir trop mal aux yeux – à défaut de ne pas avoir mal à la gorge.