Madame la députée, je comprends parfaitement à la fois le fond de votre propos, même si nous pouvons avoir des divergences, et l'émotion de l'élue d'un territoire meurtri. Pour m'être rendu sur place, je sais le choc auquel vous avez été confrontée – comme tous les Français, d'ailleurs.
Il convient de ne pas négliger cela, surtout au moment où l'heure semble être au procès de la police, sans prise en considération de l'origine constante des violences. Mais donner un avis défavorable à vos amendements ne revient pas à ne pas défendre la police, parce que les violences commises contre les forces de sécurité intérieure au cours d'une manifestation sont de la même gravité que celles commises contre elles dans tout autre contexte.
Il n'est en effet pas moins grave, Mme la rapporteure l'a rappelé, de commettre des violences sur ces personnes en dehors d'une manifestation – et c'est pourquoi le Gouvernement a donné un avis défavorable à cet amendement. Il ne s'agit évidemment pas de considérer que ces violences ne sont pas graves – elles le sont davantage. Notre législation comporte d'ailleurs déjà des protections accrues, par exemple pour les parlementaires ou les maires. Un doublement des peines est ainsi prévu s'il s'agit d'une injure publique.
Cependant, personne ne s'en soucie, puisque ce qui compte aujourd'hui, c'est de faire le buzz médiatique et de lancer des plaintes, y compris contre des ministres devant la Cour de justice de la République, en sachant pertinemment qu'elles n'aboutiront pas. Non seulement leur rejet sera vite oublié, mais il viendra à l'appui de la thèse du complot, de la justice au service de l'exécutif.
Tout cela est de la parole politique. L'essentiel reste ce dont nous parlons : ces brutes qui s'en prennent très régulièrement à nos forces de sécurité. À l'heure où nous parlons, Laurent Nunez et moi-même nourrissons encore cette inquiétude pour demain, à Valence, à Paris ou ailleurs. Et, je le sais, ce ne seront jamais les forces de police ou de gendarmerie qui provoqueront ces violences.