Cet amendement qui m'est cher vise à renforcer l'arsenal juridique de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'incitation à la haine raciale, notamment dans le cadre des manifestations.
Ces dernières années, beaucoup trop d'entre elles ont été le théâtre d'appels à la haine. Souvenez-vous des graffitis et des croix gammées tracés en 2014 sur la Marianne de la place de la République ou des slogans « Morts aux juifs » accompagnés de centaines de « quenelles ».
La quenelle est ce nouveau geste en forme de salut nazi inversé, popularisé par un humoriste aigri et haineux sur le déclin, qui a d'ailleurs décerné une quenelle d'or à l'ignoble négationniste Faurisson, de mémoire maudite. C'est aujourd'hui le geste de ralliement de tous les antisémites, de l'extrême gauche à l'extrême droite en passant par les islamistes.
Pourtant, elle échappe totalement au droit pénal. Internet regorge de clichés nauséabonds d'individus faisant des quenelles devant des lieux à forte charge symbolique comme le mémorial de la Shoah, quand ce n'est pas le camp d'extermination d'Auschwitz ou la maison d'Anne Frank à Amsterdam.
Il y a cinq ans jour pour jour, j'ai déposé avec Jean-Louis Borloo, dont ce fut la dernière proposition de loi, un texte cosigné par de nombreux collègues de tous bords, visant à interdire ces formes d'incitation à la haine.
Un an plus tard, j'ai alerté l'ancien président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone de la publication d'une photo représentant deux individus faisant une quenelle ici même, dans l'hémicycle. Celui-ci a immédiatement porté plainte.
Dans le sillage du mouvement des gilets jaunes, les quenelles se multiplient. On a ainsi vu des extrémistes chanter devant la Basilique du Sacré Coeur l'hymne à la quenelle, sur l'air du Chant des partisans, clin d'oeil grossier à l'Occupation et à la Shoah. C'est une honte.
Ces troubles à l'ordre public doivent cesser. De nombreuses entreprises privées ont d'ores et déjà pris des sanctions allant jusqu'au licenciement de salariés auteurs de quenelles.