C'est toujours la défiance envers l'école qui se manifeste quand certains, ici, voient dans la scolarisation à 3 ans une menace pour les familles et pour les valeurs qu'elles défendent. Cela pourrait sembler étonnant à première vue, mais on constate, en relisant les débats sur l'école, que cette défiance s'est manifestée de la même façon chaque fois qu'on a touché à l'école obligatoire, accusée par certains de pervertir l'esprit de nos enfants. Il me faut vous citer le sénateur Charles Chesnelong qui, lors du débat sur les lois Ferry, se disait terrorisé à l'idée de confier l'âme de ses enfants à une école sans conscience. Néanmoins, nous ne sommes plus en 1882. Il ne s'agit plus aujourd'hui d'opposer la famille et l'école. Nous croyons certes aux vertus émancipatrices de l'école républicaine, qui permet à chaque enfant de s'élever au-delà des contingences liées à sa naissance, mais nous faisons aussi pleinement confiance aux enfants, à leur capacité à découvrir le monde et à le questionner sans que cela ne constitue une menace pour l'éducation reçue en famille. C'est ce même sentiment de défiance que l'on retrouve vis-à-vis de tout ce que produit l'institution, comme l'ont montré les critiques formulées lors du débat sur le nouveau conseil de l'évaluation de l'école.
J'entends la question de l'indépendance, soulevée à maintes reprises, mais est-ce vraiment l'enjeu central ? Ce qui compte surtout, me semble-t-il, c'est l'objectivité, c'est-à-dire le caractère scientifique et indiscutable des travaux réalisés par cette nouvelle instance.