Monsieur le ministre, lors de l'examen en commission de ce projet de loi pour une école de la confiance, vous avez dit en substance que l'éducation devait faire consensus et qu'il n'y avait rien de politique. À défaut d'être surprise, j'avoue avoir été estomaquée par cette déclaration, qui contredit d'ailleurs celle de M. Macron. Lors de son annonce sur l'instruction obligatoire à 3 ans, celui-ci, à juste titre, avait en effet déclaré : « (.. ) il y a toujours quelque chose d'éminemment politique au sens le plus noble et le plus profond du terme, lorsqu'on parle (…) de l'Éducation, parce que c'est là qu'on construit la société qu'on a à faire et qu'on veut voir ».
Nier cette lapalissade, monsieur le ministre de l'éducation nationale, est soit un manque d'ambition lié à une absence notable de vision pour une école qui devrait répondre aux urgences sociétales d'aujourd'hui et de demain, soit une hypocrisie, destinée à masquer, sous un imbroglio de mesures techniques et hétéroclites, l'idéologie qui guide votre politique. Mais il est fort probable que cette affirmation, comme toute la politique du Gouvernement, résulte des deux phénomènes : un manque de vision en raison d'un aveuglement idéologique.
Permettez-moi de dévoiler à nouveau cette idéologie et d'en rappeler les principales caractéristiques : il s'agit du libéralisme économique et de son hostilité déterminée au service public, doublée du culte de la rentabilité et de l'efficacité.