En matière d'école, cela donne une « start-up education », dont les titres de votre projet de loi, monsieur le ministre, reflètent bien l'esprit et les priorités : « Garantir les savoirs fondamentaux pour tous », soit le moins-disant en matière d'éducation et d'instruction ; « Innover pour s'adapter aux besoins des territoires », et non pour adapter la pédagogie à des jeunes que leur biberonnage au numérique, entre autres, ne prédispose pas aux vieilles formes d'apprentissage ; « Améliorer la gestion des ressources humaines », c'est-à-dire trouver une ressource adaptable à des conditions de travail entamant les vocations les plus sincères de ces hussards noirs ; « Simplifier le système éducatif », c'est-à-dire en chambouler l'organisation territoriale afin de le réaménager vous-même, selon vos exigences comptables.
Bien entendu, cette start-up devra renforcer l'évaluation – celle des élèves, des professeurs et des établissements. En vérité, sous couvert de technicité, vous profitez de ce projet de loi qui rend l'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans – ce dont nous nous félicitons – pour détricoter l'organisation de l'école républicaine au profit d'une organisation rendant possible la gestion managériale des établissements et du personnel.
En somme, vous vous inspirez de la philosophie du rapport CAP22, qui vise à réaliser des économies budgétaires et à transformer l'action publique en s'inspirant du privé : voilà ce qui vous sert de boussole pour ce projet de loi. Il ne s'agit plus de dégraisser le mammouth, mais d'en accélérer la saignée jusqu'à l'asphyxie.