Enfin, est-ce au moyen de contrôles d'identité interminables, de gardes à vue à la limite de la légalité et de mises en examen de mineurs que vous pensez forger leur esprit critique ? Je vous rappelle le bilan des arrestations opérées au mois de mai dernier au lycée Arago : 102 lycéens et étudiants parqués pendant huit heures dans deux cars de police, sans manger ni boire, ni pouvoir se rendre aux toilettes. Certains parents n'ont été informés de la détention de leur enfant mineur que quinze heures après son interpellation.
Les mobilisations ont repris au mois de décembre, sous forme de blocages, suscitant toujours aussi peu d'écoute et des interdictions de droit de réunion. Toujours les mêmes brimades et les mêmes délires orwelliens ! Dire que ce gouvernement a soutenu, comme pratiquement tous les membres de cette assemblée, une proposition de loi contre la violence ordinaire que constitue la fessée !
Autoritaire, inégalitaire et austéritaire, tel est l'esprit de vos réformes et de votre politique passée, ainsi que celui de ce projet de loi.
Autoritaire, il l'est d'abord par sa méthode. C'est sans consultation, en effet, que vous acceptez d'introduire, au détour d'un amendement, la création des établissements publics des savoirs fondamentaux, c'est-à-dire des « écoles du socle », qui bousculent du tout au tout l'organisation scolaire.
Dorénavant, les écoles maternelles et primaires pourront fusionner avec leur collège de rattachement, formant ainsi des super-structures éducatives : après les hôpitaux-usines, les écoles-usines !
Nous ne sommes absolument pas hostiles à des changements profonds de l'organisation du système éducatif – bien au contraire – , pourvu qu'ils soient au service des apprentissages et du bien-être à l'école. Or, aucune évaluation des expérimentations déjà menées sur l'école du socle, et donc aucune certitude, ne permet de confirmer la pertinence pédagogique d'une telle organisation, visant à faciliter le passage du primaire au secondaire.