Le dernier volet de nos propositions porte sur l'apprentissage de la démocratie. Au moment où l'individualisme et le mercantilisme semblent prendre le pas sur toute forme d'engagement collectif – d'ailleurs de plus en plus réprimé – , nous souhaitons faire du lycée l'antichambre de la démocratie dans notre société. C'est le sens d'une proposition de loi que j'ai déposée et dont j'ai traduit les dispositions en amendements.
Lorsque l'on découvre les instances démocratiques lycéennes existantes – au niveau du lycée, de l'académie ou au niveau national – , on comprend que les lycéens et la communauté pédagogique les délaissent. Comment donner envie à des lycéens de s'engager s'ils ne sont consultés que pour la forme, si leurs idées ne sont pas retenues, ou seulement sur des sujets très à la marge, très secondaires ? Nous proposons donc d'instaurer une coprésidence de chaque instance lycéenne : un élu lycéen et le proviseur, un élu lycéen et le recteur, un élu lycéen et le ministre. Nous proposerons également la participation d'un élu lycéen au projet pédagogique de son établissement et au Conseil supérieur des programmes, la consultation des conseils académiques de la vie lycéenne à chaque projet de loi émanant du ministère de l'éducation nationale et la transparence des débats au Conseil national de la vie lycéenne.
La formation est également indispensable à toute forme de démocratie. Comment faire participer des élèves à la vie et au fonctionnement d'un lycée s'ils ne comprennent pas le fonctionnement d'un budget ou les responsabilités juridiques qui incombent aux uns et aux autres ? Nous proposerons de rendre obligatoires pour les lycéens des demi-journées banalisées consacrées au rôle du conseil de la vie lycéenne et à la compréhension du fonctionnement d'un lycée.
Pareillement, pour favoriser l'implication de la communauté pédagogique, nous proposons que la démocratie lycéenne soit abordée dans la formation de tous les futurs des personnels éducatifs.
Nous proposerons également de remettre à plat le financement des syndicats, d'établir de nouvelles modalités d'obtention de l'autorisation de réunions des lycéens et de donner une existence législative aux maisons des lycéens, pour permettre leur essor. Nous avons enfin déposé toute une série d'amendements favorisant et facilitant le droit d'expression, en toute autonomie.
Monsieur le ministre, pour conclure, j'aimerais revenir sur le titre de votre loi : comme d'habitude, c'est de la pure novlangue. Comment pourrions-nous vous faire confiance quand 60 % des 332 communes ariégeoises n'ont déjà plus d'école ? Comment pourrais-je vous faire confiance quand je trouve confirmé hier, dans la presse, que le dédoublement tant vanté des CE1 pour l'année prochaine n'aura pas lieu partout, notamment dans mon département de Seine-Saint-Denis, pourtant grevé de tant de difficultés et d'inégalités patentes ?
Pour toutes ces raisons, le groupe La France insoumise demande le rejet de ce texte.