Je tiens, avant tout, à saluer l'esprit de ce projet de loi, qui vise à retisser le lien de confiance qui s'est sévèrement dégradé, au cours des dernières années, entre l'ensemble des acteurs de la communauté éducative et l'institution scolaire. Comment définir l'école de la confiance ? C'est d'abord une école qui offre un cadre bienveillant, inclusif et serein à tous les enfants de la République, parce que le plaisir d'apprendre et le bien-être en classe sont deux piliers de la réussite de tous. L'école de la confiance est une école qui garantit l'égalité des chances, quel que soit son milieu d'origine, en transmettant un socle commun de valeurs et de connaissances.
Néanmoins, cette quête fondatrice d'égalité ne doit pas conduire à l'uniformité. L'universalisme républicain a conduit trop longtemps à l'aveuglement ; on n'a pas pris suffisamment en compte les spécificités de chaque enfant : j'en veux pour preuve la lutte contre le harcèlement scolaire, qui concerne chaque année 700 000 enfants, soit un enfant sur dix. Ce chiffre, considéré isolément, masque une réalité à laquelle l'institution scolaire est confrontée. L'insulte « pédé » reste la plus utilisée dans les cours de récréation ; une majorité écrasante de jeunes LGBT – lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres – souffrent de harcèlement. Je dois saluer, monsieur le ministre, le courage dont vous avez fait preuve en prenant une initiative en la matière. L'éducation nationale a en effet longtemps traité la lutte contre les discriminations de manière généraliste et désincarnée, sous l'angle de la tolérance et du respect d'autrui, sans prendre en considération les besoins spécifiques de ces jeunes. Or, l'expérience du harcèlement par les jeunes homos ou les jeunes trans n'est pas tout à fait la même que celle des enfants victimes d'antisémitisme ou de racisme – tout simplement parce que, souvent, ils ne peuvent en parler ni à leurs parents, ni à leurs professeurs, qui ne sont pas toujours à l'écoute, ce qui renforce leur sentiment d'isolement et de malaise.
De même, le fait d'appliquer les mêmes règles à tous, de manière mécanique et rigide, peut être source de violences. C'est le cas du mégenrage des enfants trans à l'école.