Cet article sur l'engagement de l'ensemble de la communauté éducative est l'occasion pour la représentation nationale de savoir si elle est capable, dans sa diversité, de délivrer aux enseignants, aux familles et aux jeunes un message fort sur l'impérieuse nécessité de se rassembler pour que l'école retrouve sa place de pilier fondamental de notre socle républicain et laïc, et sa promesse d'égalité et de libération.
Ce serait faire preuve de beaucoup d'aveuglement, et sans doute de beaucoup de mauvaise foi, que de laisser penser que cet article porterait des germes liberticides. J'ai bien connu les années où le syndicalisme enseignant était flamboyant, où les fédérations de parents d'élèves étaient massivement représentatives, où les salles de professeurs étaient enflammées, où les assemblées générales de professeurs et de lycéens étaient fréquentes et où, pourtant, l'union sacrée existait entre la société, l'institution et la communauté éducative sur le rôle émancipateur et libérateur de l'école.
Aujourd'hui, la menace ne pèse pas sur ces libertés, mais vient du délitement du lien entre l'école et la société, du fossé d'incompréhension entre ceux qui s'engagent avec passion dans la transmission des savoirs et les élèves ou leurs familles, et des pressions – il faut le dire ! – de toutes natures, antilaïques, communautaristes, voire des violences verbales et physiques. Dans la ville populaire dont j'ai été maire, l'éducation et la transmission des savoirs peuvent être particulièrement mises à mal lorsque les enseignants et les familles n'agissent pas main dans la main ; je mesure la lassitude et l'inquiétude des personnels de la communauté éducative, qui se sentent parfois empêchés dans la bonne conduite de leur mission et qui s'interrogent sur le sens profond de leur engagement quand leur fonction, leur statut et leur protection ne sont plus garantis. C'est la raison pour laquelle, monsieur le ministre, j'approuve pleinement l'article 1er de votre projet de loi.