Vous abordez deux sujets différents.
En premier lieu, il y a eu une attaque d'un groupe rebelle venu du sud libyen, aujourd'hui déstabilisé, en vue de prendre le pouvoir par les armes à N'Djamena. Le président Déby nous a demandé par écrit une intervention afin d'éviter ce coup d'État, et cela pour protéger son propre pays, ce qui est tout à fait conforme au droit international. Le Premier ministre en a informé le président du Sénat et celui de l'Assemblée nationale, et je serai moi-même auditionné par votre commission des affaires étrangères demain pour éventuellement en parler.
En second lieu, les cinq pays du Sahel ont décidé la création d'une force conjointe afin d'assurer eux-mêmes leur sécurité. Je crois que l'on n'a pas bien perçu l'ampleur de ce que cela représente du point de vue politique. Le fait que ces cinq pays décident de mettre ensemble leurs forces armées pour protéger leurs frontières, c'est l'affirmation de la volonté des Africains d'assurer eux-mêmes, dans la durée, leur propre sécurité. Cela prend un peu de temps, mais la décision ne remonte qu'à un peu plus d'un an et la force conjointe a déjà mené ses premières opérations – assistée, il est vrai, le cas échéant par les forces de l'opération Barkhane ou par la mission des Nations unies, pour faire en sorte que les actions des groupes terroristes, qui continuent à être présents au Sahel, puissent enfin être jugulées. Ces groupes sont beaucoup moins importants qu'auparavant, mais ils restent actifs et mènent aussi des opérations contre les forces des Nations unies. Les pays concernés veulent être capables de protéger eux-mêmes leurs frontières et, par conséquent, d'attaquer ces groupes terroristes. Cela suppose une volonté politique permanente, que la France soutient et qu'elle soutiendra aussi devant le Conseil de sécurité, dont elle assurera à la fin du mois de mars la présidence.