Je suis heureux que nous débattions de cette question sérieuse et importante.
Une chose me frappe : je sais, pour avoir vécu ou m'être rendu dans différents pays du monde, qu'une discussion comme celle-ci serait parfaitement consensuelle dans tous ceux que je connais : chanter l'hymne national à l'école, le connaître, ainsi que le drapeau et les emblèmes nationaux, n'y susciterait aucune polémique. Peut-être n'est-ce pas le cas dans certains pays, mais je ne les connais pas. Et je considère depuis toujours que le fait d'être capables de ne pas se disputer à ce sujet est un indice de la santé d'une société. Normalement, nous devrions examiner la question sans complexe.
Je note d'ailleurs que, depuis quelques années, cette préoccupation gagne du terrain. De toutes les anecdotes que je pourrais citer pour le montrer, je ne résiste pas au plaisir de vous en rapporter une. Je me trouvais il y a peu dans un collège d'un quartier pauvre – classé REP + – de Montpellier. J'étais déjà sorti de l'établissement quand je suis tombé sur sept ou huit collégiens qui étaient, je crois, en classe de quatrième et qui m'ont parlé pendant un petit quart d'heure. Au moment où j'ai pris congé d'eux, spontanément, alors même que j'étais seul, qu'il n'y avait rien eu de solennel dans notre entretien, que je n'avais rien demandé, ils m'ont chanté La Marseillaise pour me dire au revoir.
Ce sont des choses qui arrivent aujourd'hui, et qui devraient nous inspirer un certain optimisme. Faut-il pour autant se contenter de cette spontanéité ? Non : il faut évidemment que les principes soient posés. Ils le sont déjà en bonne partie : d'abord, La Marseillaise et le drapeau figurent évidemment dans la Constitution et dans le code de l'éducation ; ensuite, les gouvernements successifs ont affirmé la nécessité d'apprendre l'hymne.
Toutefois, c'est vrai, une faille demeurait dans notre dispositif : il était prévu que La Marseillaise soit apprise dans le cadre d'un cycle, le cycle 2 ; chaque enseignant risquait donc de penser que l'apprentissage se ferait lors d'une autre année du cycle que la sienne. C'est pour remédier à ce défaut que, dans le cadre des repères annuels que nous avons fixés il y a maintenant un an et demi et qui concernent désormais toutes les classes élémentaires de France, nous avons clairement indiqué le moment où La Marseillaise doit être apprise : le refrain en CE1, et le premier couplet en CE2.
Tout est donc désormais précisé, et l'introduction d'une disposition spécifique dans la loi n'est pas nécessaire. Je considère donc que les amendements sont satisfaits. Je serais heureux que, sur tous les bancs de cet hémicycle, de la droite à la gauche, nos débats traduisent le fait que nous voulons que La Marseillaise soit connue de tous les enfants et que nous nous en donnons les moyens. J'en prends l'engagement : c'est ce que nous demandons à tous nos professeurs, ce dont nous nous assurons et continuerons de nous assurer par l'intermédiaire des inspecteurs de l'éducation nationale. Il n'est pas nécessaire d'aller juridiquement plus loin : c'est une question d'application effective. Mais je souscris volontiers cet engagement devant la représentation nationale.