L'histoire n'a pas à être instrumentalisée pour des raisons étatiques ou politiques : il s'agit tout simplement d'une réflexion à partir d'histoires différentes. Je constate que certains sont des nostalgiques du roman national de la IIIe République, avec l'idée que la France était une construction, avec sans doute la volonté de dominer le monde, étape par étape. Or il en va des États comme du reste : ils se créent puis finissent par disparaître ; cela arrivera un jour à la France. Nous ne sommes évidemment pas pressés – je le précise pour M. le ministre – mais c'est bien ce qui arrivera.
Les mémoires sont forcément différentes. Ainsi, la Bretagne est un État indépendant jusqu'en 1532 : le duc de Bretagne possède son armée, sa diplomatie, sa monnaie, et il fait la loi. De même, concernant la Révolution française, la vision que l'on a de la chouannerie n'est pas la même selon qu'on la regarde depuis l'Assemblée nationale à Paris ou au travers des témoignages de paysans, par exemple dans ma contrée de Ploërmel : ces derniers avaient bien compris qu'ils étaient un peu les dindons de la farce ! L'histoire est donc forcément plurielle ; étudier les sources conduit forcément à une vision différente. Il est bon de ne pas avoir une vision idéologique et politicienne.