Monsieur le ministre chargé de la ville et du logement, des jeunes majeurs, des femmes, des familles, des seniors mais aussi des travailleurs pauvres : tels sont les multiples visages des SDF – sans domicile fixe – en France. Ces derniers vivent dans la rue toute l'année, et pas seulement en hiver. Nous savons aussi que de nombreux SDF n'appellent plus le 115.
La dernière enquête de l'INSEE à leur sujet date de 2012 ; il est donc urgent de la renouveler. Nous avons besoin de données précises pour répondre à cette détresse. Il convient aussi d'étendre les Nuits de la solidarité, afin de savoir et non d'ignorer. Il est temps également de dénoncer certaines pratiques intolérables, comme l'installation de mobilier urbain et de dispositifs anti-SDF. C'est ce que fait la Fondation Abbé Pierre, qui en vient à décerner des prix pour sensibiliser l'opinion à ces comportements honteux. Il est temps de rendre visibles nos invisibles, sur tous les territoires.
Le plan « logement d'abord », lancé il y un an dans vingt-quatre territoires, a déjà donné des résultats concrets dans certaines villes, parmi lesquelles Clermont-Ferrand, Toulouse, Lille, Strasbourg et Metz, souvent grâce à un tissu associatif engagé, comme à Grenoble. Cependant, quelques territoires sont encore à la traîne, et je le regrette.
Durant l'année 2018, 70 000 SDF ont trouvé un logement. Ce sont de premières victoires, mais le combat est loin d'être gagné. N'oublions pas que le logement doit être un point de départ et non une finalité.