L'article 2 concerne la mesure phare du projet de loi, l'instruction obligatoire dès 3 ans. Vous nous affirmez, monsieur le ministre, que l'école de la confiance doit poursuivre deux objectifs : l'élévation du niveau général et la justice sociale. Nous ne pouvons bien entendu qu'y souscrire.
Pourtant, si nous comprenons l'objectif poursuivi à travers l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire, à savoir la réduction des inégalités sociales et territoriales, la simple obligation ne suffit pas. L'allongement de la scolarité pose en effet au moins deux questions. D'abord, elle fait craindre une inégalité entre les communes. J'anticipe, mais, aux termes de la compensation financière versée aux communes, prévue à l'article 4, l'État attribuera à chacune d'elles les ressources correspondant à l'augmentation des dépenses obligatoires qu'elle a consenties. Mais cela ne concernera que le différentiel entre l'année scolaire 2019-2020 et l'année précédente. En d'autres termes, les communes ne seront pas traitées sur un pied d'égalité. Mais je n'y insiste pas à ce stade.
Ensuite, ce n'est pas tant le caractère obligatoire qui pose problème que le contenu de cette obligation. Or le texte ne dit rien à ce sujet. En effet, en maternelle, le taux de présence l'après-midi est faible, et cette partie de la journée est souvent réservée à la sieste. La véritable question est donc de savoir ce que l'on enseigne aux enfants. Que feront-ils ? Sur quoi seront-ils évalués, dès lors que votre « école de la confiance » place l'évaluation au coeur de l'enseignement ?
Vous nous l'avez dit vous-même en commission, monsieur le ministre, cette obligation nous impose de réfléchir au contenu de l'enseignement en maternelle. Il faut prendre cette question au sérieux, et nous nous y pencherons tous avec intérêt.