J'ai conscience, monsieur le ministre, que la présente série d'amendements vise à supprimer la disposition phare du projet de loi. C'est en effet une annonce du Président de la République aux assises de la maternelle que vous voulez appliquer. Cet article aura sans doute une portée historique, faisant de la France la championne d'Europe en la matière, mais la précocité de la scolarité obligatoire n'est aucunement synonyme de réussite pour une scolarité future.
Aujourd'hui, 98 % des enfants de 3 ans sont déjà scolarisés, presque la totalité des enfants de 4 et 5 ans. L'État ne serait-il pas capable d'offrir une politique de la petite enfance cohérente, ambitieuse, permettant aux jeunes enfants de s'épanouir, et une réelle politique familiale ? On a parlé d'école de la confiance, de respect mutuel ; or, avec cet article, où est la confiance aux familles ?
Nous avons bien conscience que, pour qu'ils réussissent, il faut offrir à nos jeunes le meilleur à l'école élémentaire. Mais l'étude d'impact nous apprend ce que font les autres pays, où l'instruction obligatoire concerne des enfants plus âgés – je pense à l'Estonie – , et il est évident qu'il faut mener une politique préscolaire volontariste, qui permette d'entrer à l'école obligatoire avec un bon bagage, notamment en ce qui concerne la maîtrise de la langue. Sans doute fallait-il se concentrer sur l'école maternelle et assurer un meilleur continuum entre le cycle des apprentissages premiers et le cycle des apprentissages fondamentaux.