Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du vendredi 15 février 2019 à 9h30
Pour une école de la confiance — Article 6

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

La rapporteure venant de dire l'essentiel avec précision et éloquence, je ne le répéterai donc pas. On ne doit pas minimiser l'importance de cet article. Sur ce sujet comme sur d'autres, j'ai à coeur qu'on ne transforme pas l'or en plomb. L'article 6 promet un progrès magnifique pour l'école française – pour l'école publique, comme l'a souligné la rapporteure. Oui, une philosophie sous-tend le dispositif envisagé – on peut s'y opposer, reste qu'elle est explicite : elle vise à tirer l'ensemble du système vers le haut, en particulier au bénéfice des plus défavorisés.

Lorsque nous avons rétabli les classes bilangues et les sections européennes, en 2017, nous l'avons fait dans le même état d'esprit : nous pensons qu'il y a un effet positif pour tous lorsqu'on propose des parcours particuliers, et singulièrement dans les secteurs les plus défavorisés. Je rappelle qu'en 2017 on a supprimé 95 % des classes bilangues dans l'académie de Caen alors qu'on n'en a supprimé que 5 % dans l'académie de Paris. J'aime l'égalité réelle plus que les paroles un peu faciles. Il importe, je le répète, de tirer le système vers le haut en ayant toujours à l'esprit, bien entendu, la mixité sociale.

J'ai quelque crédit pour en parler car, il y a dix ans, j'ai eu le même genre de débat, dans l'académie de Créteil, sur la création d'un lycée international. De concert avec l'ensemble des élus de l'est parisien, nous avons donc créé un lycée international dans l'aire de Marne-la-Vallée. Nous pouvons en tirer un premier bilan : non seulement s'y trouvent des enfants de cadres internationaux – et alors ? heureusement que nous parvenons à les attirer en France, et dans le public ! – mais aussi, bien entendu, et en majorité, des enfants de l'académie de Créteil venus de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne, du Val-de-Marne et qui s'en trouvent très bien.

Par ailleurs, ce dispositif fonctionne en réseau. Une des caractéristiques de l'EPLEI sera en effet d'inclure et le primaire et le secondaire et, concernant le primaire, d'agir en lien avec les écoles du territoire. Ces établissements locomotives accueilleront des élèves de tous milieux. Ils favoriseront par conséquent la mixité sociale. Cette dernière suppose le mélange d'enfants issus des classes favorisées et d'enfants issus des classes défavorisées : on ne peut pas réclamer la mixité sociale et ne pas vouloir attirer les enfants des cadres, y compris des cadres internationaux, c'est une évidence. Ces établissements permettront par ailleurs une véritable politique territoriale des langues, en cohérence avec la politique des langues que nous allons mener et qui s'inspirera des conclusions du très intéressant rapport rédigé par Chantal Manes-Bonnisseau et Alex Taylor, notre objectif étant que tous les élèves de France maîtrisent deux langues en plus de la leur.

À travers la création des EPLEI, nous envoyons le signal d'une plus grande ouverture de notre système d'éducation. Elle répond donc non seulement à un objectif de mixité sociale, que nous réaliserons pleinement, mais également à un enjeu de justice territoriale, parce que ces EPLEI ont vocation à être un outil de travail dont se serviront l'État et les collectivités locales pour définir des projets ambitieux, attractifs – et c'est ce qui se réalisera également. Là encore, n'opposons pas les territoires. On a évoqué, hier, le lancement de projets à Lille. Moi qui connais bien cette ville, qui réunit toutes les classes sociales, je suis fier qu'on y implante un EPLEI, comme nous le faisons à Courbevoie, et comme nous serons fiers d'en installer un autre dans tel territoire rural, sous forme de campus, afin de contribuer à une renaissance locale.

Le vrai progrès social, la vraie mixité sociale naîtra d'un volontarisme sous-tendu par une logique de projets. C'est pourquoi l'article 6 est à mes yeux très important.

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