Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du vendredi 15 février 2019 à 15h00
Pour une école de la confiance — Article 14

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Mme la rapporteure a raison : voici l'un des plus beaux dispositifs de la loi, et je le défendrai avec ferveur.

Contrairement à ce que vous avez pu penser, je peux vous assurer qu'il est le fruit d'un très long travail et d'un dialogue nourri avec les organisations syndicales.

Un étudiant qui entrera en deuxième année en septembre prochain pourra gagner 700 euros par mois, qu'il pourra cumuler avec une bourse de l'enseignement supérieur, c'est-à-dire de 200 à 500 euros. Autrement dit, un étudiant peut espérer un véritable revenu, très décent, qui lui permettra d'étudier tout en acquérant une première expérience dans les établissements.

Surtout, ne caricaturons pas cette expérience. Nous n'avons jamais dit qu'un étudiant de deuxième année remplacerait un professeur absent, ce n'est pas vrai. La presse a pu caricaturer ce dispositif, ce qui est non seulement regrettable et vain, mais aussi préjudiciable à l'image du dispositif lui-même, emportant le risque que les gens ne puissent en profiter réellement. J'ai lu que ces étudiants gagneraient 200 euros et qu'on remplacerait les professeurs par des étudiants de deuxième année. Il n'en sera rien, bien évidemment, au contraire ! Oui, nous renouons, d'une certaine manière, avec la tradition des IPES, avec quelques différences car nous sommes dans un autre siècle et que les avantages peuvent être différents.

Le dispositif retenu est éminemment social, ne le négligez pas : il permettra à des étudiants issus de milieux défavorisés de devenir professeurs, ce qui est souhaitable. Ils gagneront près de 700 euros la première année _ 692 exactement _, plus de 900 euros en L3, encore un peu plus en M1. Cette somme, qui est importante, permettra de renforcer le nombre d'étudiants.

Par ailleurs, ce dispositif est un outil de la politique de vivier. Permettez-moi tout d'abord de mettre en perspective cette crise du recrutement dont tout le monde parle. Elle existe en partie, c'est vrai, mais pas complètement, c'est heureux. Comme d'habitude, il faut établir un diagnostic juste pour éviter les effets pervers.

Commençons par une note optimiste : 160 000 étudiants s'inscrivent chaque année aux différents concours de l'éducation nationale, soit une personne sur six d'une génération. Tout le monde ne s'y présente pas mais ils y ont pensé, ce qui témoigne du potentiel. D'ailleurs, si l'on réussissait à convaincre tous ceux qui s'inscrivent de se préparer sérieusement et de se présenter, on aurait le vivier nécessaire. Oui, il y a des problèmes d'attractivité et de vivier mais la situation n'est pas homogène et peut-être moins grave que l'on ne pense.

D'autre part, le problème est mondial, il se retrouve dans la plupart des pays _ pas tous _, en lien avec des enjeux de société. Bien entendu, l'attractivité est l'une des causes, tout comme le pouvoir d'achat. Je n'y insiste pas car ce n'est pas le sujet mais sachez que nous y travaillons.

Par ailleurs, le problème n'est pas le même dans le premier ou le second degré. Au niveau du premier degré, il faut opérer une distinction géographique car la rareté du vivier frappe essentiellement trois académies : Créteil, Versailles et Amiens. La politique de pré-recrutement peut être une réponse ciblée à ces problématiques. Autrement, dit, pour le premier degré, nous développerons tout particulièrement ce dispositif dans les territoires concernés par la rareté du vivier. S'agissant du second degré, nous préférerons un ciblage thématique car les problèmes de vivier se posent dans certaines matières, pas dans d'autres _ comme dans d'autres pays, surtout les mathématiques et les sciences, ainsi que certaines langues vivantes. Nous devrons donc mener une politique ciblée par discipline.

Avec ce dispositif, nous faisons d'une pierre plusieurs coups, vous le voyez. C'est un dispositif social qui permettra aussi d'élargir le vivier, ce qui est très intéressant. Il entrera en vigueur comme prévu, à la prochaine rentrée, pour 1 500 étudiants. Notre objectif est d'atteindre les 3 000 étudiants par an ce qui, sur trois générations, finira par concerner 9 000 personnes en permanence. Ce sont des chiffres importants et nous attendons beaucoup de ce nouveau dispositif.

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