Suivant ces groupes depuis longtemps, j'ai constaté qu'on n'est pas le même à seize ans qu'à trente et qu'on peut encore, ensuite, évoluer. Philippe Vardon dit lui-même qu'il a été engagé dans des groupuscules nationalistes révolutionnaires et dans le mouvement skinhead lorsqu'il avait de seize à dix-huit ans. C'est un homme intelligent, avec de réelles capacités dans le domaine dans lequel il exerce aujourd'hui, et un élu régional et local. Il a évolué dans sa façon de faire de la politique, dans sa personnalité. Quand le Front national lui a confié des responsabilités ainsi qu'à d'autres militants issus de la mouvance identitaire, c'est en raison de ses capacités. Le groupuscule a une fonction de formation de cadres. S'habituer à militer dans un contexte difficile, d'extrême marginalité, aiguise les capacités des plus capables d'entre eux à exercer des responsabilités et à tenir un discours audible – au double sens du terme. Il faut donner crédit à certaines de ces personnes, comme Philippe Vardon, d'avoir tourné une page pour se diriger vers celle de la politique.