Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 21h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Je souscris entièrement aux propos de la rapporteure. Je suis un peu étonné par les positions qui ont été exprimées par les auteurs de ces amendements, car il s'agit, me semble-t-il, du dispositif le plus social de la loi et, probablement, de l'un des dispositifs les plus sociaux qui aient été appliqués en la matière depuis fort longtemps. Beaucoup regrettent la disparition, il y a de nombreuses années, des instituts de préparation aux enseignements de second degré (IPES). Le dispositif que nous créons est, même si la formule a ses limites, l'IPES du XXIe siècle. Nous en dresserons le bilan dans quelques années, mais je fais le pari qu'il sera un vecteur d'ascension et de bien-être social.

Cette préprofessionnalisation permettra tout de même à des étudiants de percevoir, dès leur deuxième année d'études, un véritable salaire ! C'est un élément très attractif, qui va favoriser la diversification sociale du vivier des candidats au concours. Comme je tiens à récompenser les députés, voire les journalistes, qui ont veillé jusqu'à cette heure tardive, je vais vous dévoiler le résultat du travail de longue haleine que le directeur général des ressources humaines a mené avec les organisations syndicales pour peaufiner progressivement ce dispositif. Je vous annonce donc que, non seulement les étudiants percevront un salaire qu'ils pourront cumuler, comme l'a indiqué la rapporteure, avec une bourse, mais que ce salaire sera de 693 euros par mois pour un étudiant en L2, de 963 euros par mois pour un étudiant en L3 et de 980 euros par mois pour un étudiant en M1, pour huit heures de service dans l'établissement. C'est très appréciable, car ce revenu leur permettra de vivre de manière assez décente, compte tenu des standards actuels, dès leur deuxième année de fac.

Cette mesure concernera 1 500 étudiants la première année, puis 3 000 à terme ; nous allons donc plus loin que le dispositif d'apprentissage actuel, dont on a vu l'intérêt mais aussi les limites en matière d'attractivité. Elle améliorera également la capacité de recrutement d'assistants d'éducation par les établissements, qui n'est pas optimale partout. Enfin, elle est conçue pour créer un accès progressif à la professionnalisation. Les assistants d'éducation se verront ainsi confier des missions qui s'étofferont au fil du temps. En première année, il s'agira de missions de surveillance assez classiques, voire de participation à « Devoirs faits », puis, en L3, il y aura davantage de co-interventions avec les professeurs. Ce n'est qu'en M1 que l'on peut envisager de les placer dans des situations de responsabilisation. Nous renouons là avec une pratique classique puisqu'il n'y a pas si longtemps, les professeurs pouvaient être recrutés après la licence, et personne ne se scandalisait que l'on puisse intervenir devant une classe avec un niveau M1.

Les ingrédients sont réunis pour que nous franchissions, grâce à cette mesure sociale, une nouvelle étape dans l'extension du vivier de recrutement des enseignants. Je forme donc le voeu qu'après ces éclaircissements, vous serez très favorables à cet article.

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