Mesdames et messieurs les députés, M. Benjamin Smith et moi-même accordons beaucoup d'importance à notre présence devant votre commission et sommes à votre disposition pour répondre à vos questions. C'est d'autant plus important que la discussion sur le projet de loi relatif à la croissance et à la transformation des entreprises (PACTE) – intégrant les dispositions relatives à la privatisation d'ADP, sujet d'intérêt majeur – est en cours. En outre, les Assises du transport aérien vont bientôt rendre leurs conclusions, également fondamentales pour la compagnie.
Monsieur le président, je vais répondre à votre question sur la période transitoire puisque j'en ai été témoin et actrice pendant quelques mois et que M. Benjamin Smith ne l'a pas connue, son arrivée ayant permis d'y mettre un terme. Comme vous le savez, en mai dernier, le conflit social au sein de la compagnie a conduit au départ de M. Jean-Marc Janaillac. Air France connaissait alors des tensions sociales très fortes. C'est pourquoi le conseil d'administration m'a proposé, en tant que présidente du comité de nomination et de gouvernance, d'assumer la présidence temporaire de la compagnie, avant de procéder au recrutement du futur patron du groupe.
À l'époque, un président-directeur général était à la tête de la structure de gouvernance. Pour cette période intérimaire, le conseil a décidé de dissocier les fonctions de directeur général et de président des conseils – conseil d'administration d'Air France-KLM et d'Air France. Au sein de la direction générale, un comité collégial a été mis en place, comprenant les deux directeurs généraux des deux compagnies aériennes – Air France et KLM – et le directeur financier du groupe, qui a assuré la direction générale du groupe sous mon contrôle pendant cette période transitoire.
Ce dispositif ayant été mis en place, le comité de gouvernance et de nomination a rempli sa fonction. Le conseil d'administration d'Air France-KLM et ses actionnaires – dont l'État français – ont ensuite pris la décision ambitieuse de rechercher un professionnel du secteur aérien pour diriger le groupe, sans se restreindre au marché français, forcément plus étroit que le marché international. C'est ainsi que nous avons notamment noué contact avec M. Benjamin Smith, puis avons réussi à le convaincre de venir nous rejoindre.
Sa passion pour les compagnies aériennes, notamment Air France et KLM, a beaucoup facilité notre tâche, mais il pourra vous en parler ! Le conseil d'administration l'a nommé directeur général le 16 août – une date pourtant compliquée pour organiser un conseil d'administration ! – et a décidé de pérenniser la structure du groupe Air France-KLM testée durant la période transitoire – une gouvernance dissociant la présidence de conseil d'administration de la direction générale.
J'estime que cette structure est extrêmement intéressante car elle permet de mettre autour de la table des représentants des administrateurs, mais également des représentants d'actionnaires, en disposant d'une gouvernance assumée et en permettant au directeur général d'être lui-même plus disponible et de gérer l'opérationnel.
Nous avons également décidé de pérenniser cette structure pour Air France. Nous éprouvons une grande satisfaction d'avoir, sur proposition de M. Benjamin Smith, nommé une femme – Mme Anne Rigail – à la tête d'Air France. C'est la première fois qu'une femme dirigera la compagnie. Elle a fait toute sa carrière chez Air France ; c'est une femme très dynamique qui a assumé avec beaucoup de rigueur, de fermeté, mais aussi de bienveillance, de lourdes responsabilités et un management difficile.
En effet, c'est l'une des priorités de M. Benjamin Smith : apaiser le climat social au sein d'Air France et retrouver les voies du dialogue en rétablissant la confiance et le respect, tout en tirant le meilleur parti des compétences dont dispose la compagnie à tous les niveaux.
Au-delà de ses compétences et de son expérience, nous avons aussi recruté M. Benjamin Smith au regard de son bilan au sein d'Air Canada, où il a passé de nombreuses années : le climat social y est apaisé et les relations entre salariés et direction permettent de partager une même vision de ce que doit être l'entreprise. Cet élément est important dans un secteur particulièrement concurrentiel.
Pour conclure, cette période de transition a été très difficile pour tous et, je le souligne devant la représentation nationale, tous les acteurs du groupe et de la compagnie Air France ont été particulièrement responsables durant ce moment si particulier – il n'y a pas eu de mouvement social. Cela nous rend très optimiste pour l'avenir.
Le secteur aérien international et européen étant extrêmement concurrentiel, nous nous sommes donné les moyens de redevenir leader européen. Nous faisons confiance aux équipes de tous les départements d'Air France et de KLM, sous l'impulsion et grâce au dynamisme et à la passion de M. Benjamin Smith, pour atteindre cet objectif.