Intervention de Anne-Marie Couderc

Réunion du mardi 22 janvier 2019 à 17h05
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Anne-Marie Couderc, présidente non exécutive du groupe Air France-KLM et du conseil d'administration d'Air France :

Je me permets d'interrompre M. Benjamin Smith. Il s'est engagé à pouvoir s'exprimer en français, notamment devant la représentation nationale, dans les semaines qui viennent. C'est aujourd'hui sa seconde prestation, après celle au Sénat la semaine dernière. Il fait effectivement en sorte – sous mon contrôle étroit (Sourires) – que son français soit fluide.

Par ailleurs, et puisque vous nous avez demandé quelle pédagogie pourrait être la nôtre à travers le monde s'agissant de la francophonie, M. Benjamin Smith a rappelé tout à l'heure que 93 % des salariés du groupe Air France sont français. Autrement dit, notre personnel est français. C'est très important. La langue anglaise est évidemment très répandue au sein du groupe ; elle constitue le moyen commun de communication. Certes, nos documents sont rédigés en anglais, pour éviter toute erreur d'interprétation avec nos partenaires – notamment KLM – et nos actionnaires, qui sont chinois et américains, mais ils le sont également en français. Le français reste donc une langue de travail.

En ce qui concerne la pédagogie que nous pourrions déployer dans le monde entier, nous ne sommes peut-être pas suffisamment attentifs à cette dimension. Nous pourrions effectivement la prendre en compte, car c'est quelque chose d'important. Toutefois, la pédagogie passe aussi par le rayonnement de notre groupe et par la présence du pavillon français, y compris à travers KLM ou Transavia. Notre objectif est bien de restaurer la compétitivité de la compagnie française. À cet égard, si je puis me permettre d'ajouter un mot concernant les Assises du transport aérien, auxquelles les équipes d'Air France ont beaucoup participé – aux côtés d'un certain nombre d'entre vous, d'ailleurs –, c'est la perspective que nous y défendons : nous voulons faire en sorte, pour être plus compétitifs au niveau international, que notre compagnie soit moins lourdement taxée qu'à l'heure actuelle. L'enjeu est très important car notre compagnie est assujettie à des taxes et redevances qui permettent notamment de financer la totalité des coûts d'infrastructure. Tout à l'heure, la comparaison était faite avec le train. Or, le fait qu'Air France, elle, paie la totalité de ses coûts d'infrastructure, n'est pas négligeable. Outre les redevances au titre de l'infrastructure aéroportuaire, il y a d'autres taxes, que vous connaissez bien et dont vous avez très certainement eu l'occasion de débattre, à commencer par la fameuse taxe de solidarité finançant l'aide aux pays du Sud, qui est supportée par la seule compagnie Air France : aucun autre secteur, en France, ne la paie. S'ajoutent à cela les dépenses de sûreté. Par ailleurs, et puisqu'il était question tout à l'heure d'environnement, Air France est très impliquée dans la lutte contre les nuisances sonores : nous participons à l'insonorisation des logements des riverains des aéroports. Notre compagnie est donc lourdement taxée et nous insistons, au sein des Assises du transport aérien, sur la nécessité d'alléger ces taxes.

De même, la question du non-plafonnement des cotisations sociales pour le personnel d'Air France est un véritable handicap pour l'entreprise. Je n'ignore naturellement pas le contexte actuel, mais nous tenons à ce que chacun ait à l'esprit ces éléments de compétitivité de l'entreprise. Ce n'est qu'en ramenant la taxation sociale et fiscale à des niveaux comparables à ceux de nos compétiteurs que nous pourrons être tout à la fois plus dynamiques et plus agressifs sur le marché international – et sur le marché français.

Un dernier mot sur le kérosène : j'ai cru entendre dire qu'il était taxé ailleurs, mais ce n'est pas le cas. Il n'existe pas de taxation du kérosène dans les pays voisins. Une taxation française sur ce produit serait donc dramatique pour Air France, puisque tous nos concurrents peuvent aller faire le plein ailleurs qu'en France. Ce serait très préjudiciable à notre compétitivité.

Il n'en demeure pas moins que nous sommes très engagés dans la lutte contre le changement climatique et dans la recherche sur les biocarburants. Nous testons de nouvelles idées et nous nous sommes associés avec des groupes industriels français pour être les plus innovants en recherche comme en expérimentation. En clair, nous sommes très attentifs à cet enjeu majeur et nous reviendrons avec plaisir devant vous pour aborder ces questions plus en détail.

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