Je vais de nouveau tenter de tenir des propos utiles, en l'occurrence quelques considérations anthropologiques. Notre collègue vient d'évoquer le cas de la Finlande, où, parce qu'ils voient écrit sur le pain qu'ils achètent qu'il est trop riche en sel, les consommateurs ne l'achètent pas, ce qui incite immédiatement le producteur à réduire la teneur en sel.
Si cet exemple a le mérite de montrer qu'il est possible de fabriquer du pain contenant moins de sel, pour le reste, il relève d'une vue de l'esprit, en décrivant un homo oeconomicus prenant des décisions rationnelles sur la base des informations dont il dispose sur le marché. Cet être-là n'existe pas ! Il n'a d'ailleurs jamais existé et, si on s'était fié à lui, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus personne sur terre.
En réalité, les prescriptions alimentaires ont quasiment été les premières prescriptions religieuses : on les trouve dans la Bible, dans le Coran, dans tous les textes sacrés, l'objectif étant de garantir la sauvegarde de l'espèce.
Nous serions donc la première génération à prétendre que ces prescriptions alimentaires n'ont aucun sens et que chacun doit pouvoir faire comme il l'entend, faisant fi des interdits alimentaires et des codes culturels ? Faut-il vous citer Karl Marx, qui expliquait que celui qui a l'habitude de manger de la viande cuite à l'aide de couverts ne peut se rassasier de viande crue déchirée avec les ongles ? Que dire encore des populations primitives du Groenland qui, parce qu'elles refusaient de manger du poisson, n'ont pas survécu ? J'insiste donc sur le fait que la prescription alimentaire est nécessaire à la sauvegarde collective et participe de la formation du lien social entre les êtres vivants.