Il ne faut toucher aux lois que d'une main tremblante, écrivait Montesquieu. En écoutant nos collègues de la majorité et vos propres réponses, madame la garde des sceaux, je vois que vous n'avez pas assez tremblé dans l'élaboration de ce texte, ni, surtout, dans votre façon de le présenter à notre assemblée et au Sénat. Vos certitudes sur le bien-fondé absolu des mesures qu'il contient vous ont conduite à ne pas être suffisamment ouverte aux modifications proposées par les groupes minoritaires.
J'en prendrai l'exemple de la fusion des tribunaux d'instance et de grande instance. Tel qu'il est rédigé, le texte n'offre aucune garantie sur la mise en oeuvre de cette mesure au sein des juridictions. L'urgence, l'actualité ou les statistiques demandées aux juridictions pourront leur commander de privilégier tel ou tel aspect des procédures dont elles sont saisies. Elles pourront notamment privilégier les contentieux de grande instance au détriment des contentieux d'instance, qui sont pourtant ceux des justiciables les plus modestes.
Mon groupe – et pas seulement lui – avait déposé, sur ce sujet, un certain nombre d'amendements, qui furent systématiquement rejetés. Je trouve dommage que nous en soyons arrivés là ; c'est l'une des raisons pour lesquelles mon groupe votera bien entendu la motion de renvoi en commission.