Aujourd'hui, nous mettons de côté le débat partisan. L'arrêt cardiaque inopiné peut frapper chacun d'entre nous. Il n'a pas de sexe. Il n'a pas vraiment d'âge. Surtout, il n'a pas de couleur politique.
Au lendemain des drames que nous avons vécus au cours de l'année 2015, l'engagement de l'État dans les formations du plus grand nombre d'entre nous aux gestes qui sauvent est devenu essentiel. Les détresses vitales – tout particulièrement l'arrêt cardiaque – concernent tous les Français victimes d'accidents, de violences ou de problèmes de santé.
En France, 40 000 personnes meurent chaque année d'un arrêt cardiaque. Le taux de survie des Français est de 3 à 4 % seulement. Les décès par arrêt cardiaque inopiné – c'est-à-dire qui peuvent survenir à tout moment sans raison apparente – représentent 9 % des décès constatés en France chaque année, soit 10 fois plus que les morts sur les routes, comme l'a rappelé le rapporteur.
Ces chiffres ne sont pourtant pas une fatalité : en Scandinavie et dans les pays anglo-saxons, le taux de survie après un arrêt cardiaque atteint 20, 30 voire 40 %.
Confrontés à un tel enjeu de santé publique, nous devions nous poser les bonnes questions : de quelles méthodes nous inspirer ? comment prendre le problème à bras-le-corps et améliorer le taux de survie des victimes dans notre pays ?
Il existe une multitude de réponses. Certaines relèvent de l'hygiène de vie, notamment de la pratique du sport, mais évidemment, elles ne sauraient suffire. Des milliers de Français sont concernés. Lorsque survient, hélas, l'accident cardiaque, il existe une réponse simple et efficace : former les Français aux premiers secours.
Cette nécessité découle d'un constat tout à fait pratique : en cas d'arrêt cardiaque, chaque minute compte. En l'absence de massage cardiaque, les chances de survie s'amenuisent de 10 % par minute. Après trois minutes sans massage, les lésions provoquées sont généralement irréversibles. Après dix minutes, les chances de survie sont pratiquement nulles. Les services de secours, dans notre pays, mettent en moyenne – avec des variations – treize minutes pour arriver sur les lieux d'une intervention, soit à peine trois minutes de plus que ce laps de temps très court de dix minutes qui condamne une victime.
Pourtant, second constat, 70 % des arrêts cardiaques surviennent en présence de témoins. Point n'est besoin d'en dire beaucoup plus, je pense, pour vous faire comprendre que si une bonne partie de ces témoins était formée aux gestes de premiers secours et pouvait pratiquer un massage cardiaque, le nombre de vies sauvées augmenterait considérablement.
Dès lors, le Président de la République et le Gouvernement se sont donné un objectif ambitieux : former 80 % de la population aux gestes qui sauvent d'ici à la fin du quinquennat. Si nous l'atteignons, nous augmenterons le taux de survie des victimes de 3 à 10 % d'ici à dix ans, ce qui représente 3 000 vies sauvées par an.