Cette proposition de loi prolonge, devant la représentation nationale, la revendication d'un mouvement populaire dont, quel que soit l'avis qu'on en a, chacun sait qu'il marquera l'histoire de la patrie. Quelque chose de nouveau s'est exprimé, insaisissable, qu'on ne peut faire entrer dans aucune des cases que ceux d'entre nous qui ont le plus d'expérience ont connues et maniées si longtemps dans le passé, ni à une famille politique, ni à un espace social particulier, ni, ni, ni – bref.
Soudain il s'est avancé devant nous, et parfois, nombre d'entre vous qui, j'en suis certain, en êtes des passionnés, ne l'ont pas reconnu. C'est le peuple.
Vieille histoire que celle-ci. Et ce moment de la vie de l'Assemblée nationale comptera dans cette histoire. Notre tour viendra ; le tour de ceux que l'on appelle aujourd'hui les gilets jaunes viendra, et avec lui les référendums d'initiative citoyenne. Ils sont inéluctables.
Ils constituent un franchissement démocratique, comme le furent avant eux le droit de vote pour le peuple puis pour les femmes, le droit pour les juifs et pour les comédiens d'être des citoyens, et les autres grandes oeuvres de la grande Révolution de 1789.
C'est une vieille histoire, disais-je, commencée en 492 avant notre ère, lorsque, se retirant sur l'Aventin, le petit peuple de Rome, écrasé d'impôts, refusa de continuer à travailler ; tant et si bien qu'à une revendication sociale succéda une revendication politique. On eut le droit d'élire des tribuns du peuple, dont la personne était sacrée.