D'où tirerions-nous, me direz-vous, un fil conducteur dans l'histoire qui vaudrait raison à lui seul ? Des droits de l'homme ! Il n'y a pas de pouvoir supérieur à celui du peuple, mais il n'y a pas de principe supérieur aux droits de l'homme. Rassemblez les deux, et vous avez l'idée française, l'idée d'une République qui n'est pas ce que d'autres peuples, autour de nous, entendent par l'idée de « nation ». Chez nous, la République fonde la nation ; j'expliquerai pourquoi en quelques instants. Nos voisins allemands écrivent, au fronton de leur assemblée nationale : « Dem deutschen Volke », « Au peuple allemand », peuple – « Volk » – étant ici entendu au sens de l'ethnie, de la coutume, de la langue. Rien de tout cela en France ! La France n'est pas définie par une religion – il y en a cinq – , ni par une couleur de peau – elles y sont toutes représentées – , ni par une langue – il s'en parle plusieurs, à telle enseigne que la Constitution doit rappeler que la langue commune, et j'en suis heureux, est la langue française.
La France est définie par autre chose, par le contrat politique qui constitue son peuple, par la nature du lien qui unit chacun d'entre nous : liberté, égalité, fraternité.