Nous sommes minés par l'abstention. Le moment est donc venu de répondre à cette crise majeure et, une fois encore, c'est le peuple qui a donné la réponse, en partant d'une protestation sociale aussi vieille que la France : la protestation contre l'impôt, lorsqu'il est injuste, bien sûr. Et qui dira qu'il est juste, tel qu'il est aujourd'hui ? Puisqu'il s'agit de répartir l'effort entre tous, ceux qui donnent le plus protestent, crient à l'injustice : certains ne donnent rien, ou pas assez, quand d'autres donnent tout. De là surgit la revendication politique.
C'est ainsi qu'est née la République, et c'est ainsi qu'est née l'idée du référendum d'initiative citoyenne. Nous essayons ici de répondre à une crise par un moyen institutionnel. La Ve République est née, avec sa nouvelle Constitution, pour répondre à une crise majeure, lorsqu'il devint nécessaire de se séparer de treize départements français. Une décision de cette nature exigeait une autorité particulière, elle exigeait la combinaison d'une légitimité historique et de nouveaux moyens institutionnels.
Mais aujourd'hui cette institution, qui fut le moyen de surmonter une crise, devient le sujet d'une autre, comme l'atteste l'abstention croissante. La France d'aujourd'hui n'est plus celle de 1958. En 1958, 40 % du peuple français vivaient à la terre, et de la terre, contre à peine 20 % aujourd'hui. Le peuple a changé par sa manière de vivre. À l'époque, il était tel que 10 % seulement de ses membres étaient gradués de l'enseignement supérieur, puisque le premier grade est le baccalauréat. Aujourd'hui, nous sommes bien au-delà, puisque ce taux est passé à 78 %.
Et ainsi de suite. À l'époque, un Français sur dix seulement avait un grand-parent étranger ; aujourd'hui, c'est un Français sur cinq. Le peuple a été profondément, intensément modifié par son mode de vie, par l'ouverture sur le monde. Le moment est venu qu'il se ressaisisse de lui-même : c'est cela que signifie le référendum d'initiative citoyenne. En France plus que n'importe où ailleurs – car la France est la nation politique de l'Europe – , le peuple se constitue en devenant constituant. En se reconnaissant à lui-même des droits, il se définit. Tel est le sens des référendums que nous vous proposons.
Nous essayons de varier au sein d'une stabilité institutionnelle, sans laquelle on ne peut gouverner personne, et certainement pas ces 65 millions de têtes dures, …