Pourtant, vous le savez bien, la France ne se réforme pas d'un claquement de doigts. Les projets à défendre dans nos collectivités exigent du temps. Pensez-vous que de tels projets pluriannuels seront engagés, demain, lorsque, après un tiers de mandat, l'élu sera déjà confronté à une remise en cause complète ? Certainement pas ! Les grands projets laisseront place aux petites réalisations à fort profit politique immédiat et à fort profit médiatique. Nous passerons d'une démocratie apaisée à une démocratie complètement excitée. Votre proposition conduira au renoncement, à l'abandon de l'ambition. Or la France mérite que nous ayons toujours une ambition pour elle.
Notre génération doit relever un défi : renouer la confiance entre les citoyens et leurs représentants. C'est une priorité pour maintenir demain notre capacité à toujours faire corps en tant que société, en tant que nation, en tant que peuple. Le défi est grand et nous n'y répondrons certainement pas en supprimant la représentation.
Paradoxalement, les dérives d'un mouvement aux revendications pourtant fortement légitimes, d'un mouvement qui peine à s'organiser, conduisent à adopter la plus grande prudence dans la réforme des institutions, garantes du « vivre-ensemble ». Le 17 février dernier, Alain Finkielkraut déclarait au Figaro que les gilets jaunes étaient « les avocats involontaires de la démocratie représentative ». Voilà qui doit nous faire réfléchir.
Que les choses soient donc claires : si nous ne souscrivons pas à l'extension massive du référendum que vous proposez, parce qu'elle secoue violemment l'équilibre de nos institutions et les fondements essentiels de la démocratie française, nous partageons toutefois le constat que le lien entre la République et les Français s'est abîmé. Notre époque appelle des exigences nouvelles en matière de participation ; nos efforts doivent aller en ce sens, tout en préservant l'essentiel car, oui, nous sommes attachés à la République et à ses valeurs.
Si tout ne va pas bien, de grâce, ne sacrifions pas ce qui nous rassemble et dont nous pouvons être fiers à l'échelle du monde ! Modifier la Constitution dans la crise et l'urgence peut s'avérer une opération dangereuse. Résistons à cet écart et trouvons la formule qui permette à notre démocratie de se renforcer sans perdre les repères sans lesquels elle ne serait plus elle-même. Là encore, il est question d'équilibre, un équilibre que nous ne trouvons pas dans votre texte.
Les défis existent. Une nouvelle forme de participation peut et doit se dessiner collectivement. C'est sur la base de ce constat, que vous feignez de partager aujourd'hui, de la volonté d'associer davantage le citoyen à la décision publique, que la révision constitutionnelle lancée par Nicolas Sarkozy en 2008 a introduit le référendum d'initiative partagée.
Le 27/02/2019 à 22:58, Laïc1 a dit :
"tout en préservant l'essentiel car, oui, nous sommes attachés à la République et à ses valeurs."
C'est cela, oui, en demandant publiquement l'origine des petits écoliers en classe, ou en interdisant les kippas dans un espace public ?
Le 27/02/2019 à 22:55, Laïc1 a dit :
" Nous passerons d'une démocratie apaisée à une démocratie complètement excitée. "
Les gilets jaunes dans la rue, vous appelez ça une démocratie apaisée ? Et même avant les gilets jaunes, combien de réclamations contre ce régime soporifique, médiatisé, qui n'existe que par les médias, et d'ailleurs le jouet des médias, sans aucune connection avec le vrai peuple ?
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