Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du jeudi 21 février 2019 à 21h30
Protéger la population des dangers de la malbouffe — Après l'article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Véran :

Pour avoir été rapporteur de la loi de 2014 sur la modernisation de notre système de santé, je sais qu'à l'époque, nous avions dû renoncer à systématiser la mention du Nutri-Score sur les emballages en raison du droit européen, mais aussi que rien n'est dit de la publicité. Imaginons que de façon quelque peu tarabiscotée – ce n'est pas du tout péjoratif – un industriel étranger saisisse la Commission européenne, que celle-ci saisisse à son tour la Cour de justice de l'Union européenne avec l'argument que généraliser le Nutri-Score dans les publicités, c'est comme le généraliser sur les emballages. Imaginons que dans trois ou quatre ans, dans le pire des cas, la CJUE statue qu'effectivement, c'est une façon déguisée de le généraliser. Premièrement, d'ici là, une dizaine de pays européens auront mis en place le Nutri-Score. Deuxièmement, que risque-t-on ? On ne va tout de même pas empêcher les industriels volontaires, comme Fleury-Michon, de faire figurer le Nutri-Score sur les emballages ! D'une part, je ne crois pas qu'une telle procédure soit engagée au niveau européen ; d'autre part, quand bien même, je ne crois pas que le Nutri-Score s'en trouverait menacé.

Il est vrai que la concertation a été efficace. Je n'aurais pas parié il y a quatre ans qu'une centaine d'industriels français et européens appliqueraient dès à présent le Nutri-Score mais à côté de cela, quatre ou cinq grands industriels, américains pour la plupart – Kraft Heinz, Unilever, Mars, Coca… – et gros pourvoyeurs de malbouffe notamment pour les enfants, ont dit qu'ils n'appliqueraient pas le Nutri-Score et ont développé leur propre score nutritionnel. Ils l'ont abandonné au bout de quelques semaines parce qu'ils ont vu que cela ne fonctionnait pas. Hier, juste avant l'ouverture du Salon de l'agriculture donc, Disney a annoncé un nouveau score nutritionnel dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants mais qui ne peut être qu'une pastille verte, apposée par Disney lui-même sur ses produits et accompagnée de petites figurines de Mickey.

Le Nutri-Score est un outil efficace : un consommateur informé par le Nutri-Score est trois fois plus à même de déterminer ce qui est bon ou non pour lui. Encore une fois, on n'empêche personne de faire de la publicité, d'acheter ni de consommer : on donne une information aux consommateurs et, ce faisant, bien souvent on contrebalance la désinformation publicitaire – j'ai déjà donné l'exemple des céréales censées faire maigrir alors qu'en fait il n'en est rien.

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