– Effectivement, le sujet des débris est important même si le danger n'est pas immédiat. Néanmoins, au rythme auquel sont lancés les satellites, nous nous attendons à une accélération du problème. En 2017, les Russes ont fêté à Moscou les soixante ans de Spoutnik, anniversaire auquel j'étais invité. À cette occasion, j'ai rappelé que nous avions envoyé dans l'espace l'équivalent de trois Tour Eiffel depuis soixante ans, ce que d'ailleurs personne ne conteste. Nous avons ainsi produit des déchets de toutes tailles, allant de celle d'une machine à laver au centimètre. Pour notre part, nous pourrions traiter les débris de l'ordre du centimètre. Les débris se déplacent à dix fois la vitesse des balles les plus rapides. Le concept que nous proposons vise, après détection d'un débris, à créer une ablation de ce débris avec le laser. Cette ablation s'accompagnerait d'un « effet fusée », pour changer l'orbite du débris. Après un certain temps, le débris entrerait dans l'atmosphère pour s'autodétruire.
Une autre approche consisterait à localiser précisément les débris de l'ordre du centimètre, alors que seuls les gros débris sont identifiés actuellement. Aujourd'hui, la localisation des débris est effectuée avec une précision médiocre, de l'ordre de quelques centaines de mètres. En raison de cette imprécision et pour ne prendre aucun risque, il est constamment nécessaire de changer les satellites d'orbite. Pour autant, les fausses alertes sont extrêmement nombreuses, de l'ordre du million. Après analyse, ces alertes sont ramenées à une dizaine par an. Il s'agit d'un gros problème, car le changement d'orbite consomme beaucoup de temps et d'énergie. À l'inverse, une meilleure identification des débris constituerait une avancée certaine.