– En préalable, je pense qu'il n'est pas bon que nous mettions en concurrence sur ce sujet différentes approches, en minimisant le rôle de l'une par rapport à l'autre. Bien évidemment, il faut optimiser les ressources de la nation, et il apparaît impossible de remplacer du jour au lendemain cinquante ans d'expérience sur les réacteurs nucléaires. Les réacteurs Phénix et Super-Phénix, à neutrons rapides, peuvent brûler les déchets. Pour autant, la communauté scientifique, dans son ensemble, n'imagine pas qu'il est possible de brûler les déchets dans un réacteur tout en produisant de l'énergie. Il est en outre généralement admis que la transmutation des déchets par production de particules, dans un prototype de type MYRRHA, actuellement en construction, est plus efficace, de l'ordre de 30 à 40 %. Le schéma de la transmutation a été poursuivi, car il comportait des avantages. En outre, il faut considérer qu'en France nous possédons cinquante-huit réacteurs, mais qu'il est inenvisageable de construire un transmutateur pour chacun. Dans les scénarios, la transmutation par accélérateur est vue comme une addition à un site de production d'énergie nucléaire, tous les dix réacteurs. L'optimisation est de cet ordre d'idée. Par ailleurs, je ne connais pas le prix d'un réacteur Super-Phénix, mais je sais que le projet MYRRHA est chiffré à deux milliards d'euros environ. Nous pensons, le professeur Mourou, le professeur Tajima et moi-même, que les idées innovantes, ne sont pas en compétition frontale. Ce serait en effet une erreur d'abandonner en cours de route des prospectives qui présenteraient un intérêt évident à être étudiées jusqu'au prototype.