Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 9h30
Questions orales sans débat — Confiscation d'une oeuvre d'un artiste graffeur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Je tiens d'abord, monsieur Castaner, à vous dire ma surprise : j'avais adressé ma question au ministre de la culture qui devait siéger pour le Gouvernement, et je me retrouve avec, à sa place, le ministre de l'intérieur. Je venais parler d'art et on m'envoie la police ! C'est peut-être un bon symbole de la France d'Emmanuel Macron. On a eu un candidat jeune, ouvert, startupper, et on se retrouve avec la matraque, le Flash-Ball et les gaz lacrymos. Ça me fait penser à cette affiche de mai 1968 : « La police vous parle tous les soirs à 20 heures. »

Bref, passons à ma question, monsieur le ministre de la police et de la communication.

Les Français ne se sentent plus représentés, à commencer par cette assemblée : sur ces bancs, les ouvriers-employés ne représentent que 2,7 % des députés, quand les CSP+, médecins, avocats, directeurs des ressources humaines – DRH – , consultants, enseignants, journalistes, etc. , trustent presque tous les sièges. Notre parlement se prétend néanmoins « représentation nationale ». C'est en fait l'« irreprésentation organisée »

Cette « irreprésentation » vaut également pour les médias. Le dernier baromètre-diversité du Conseil supérieur de l'audiovisuel – CSA – en témoigne : « La représentation à l'antenne est très éloignée de la réalité », note-t-il, ajoutant : « Le Conseil observe une quasi-absence des personnes en situation de précarité. » À l'inverse, « 88 % des personnes montrées dans les sujets d'information appartiennent aux CSP+ » : médecins, avocats, DRH, consultants, enseignants, journalistes… comme ici. Il reste donc 12 % à partager entre ouvriers, employés, retraités, chômeurs. La majorité de la France est rendue invisible.

Les gilets jaunes, c'est aussi une réponse à cette « irreprésentation ». On vient revêtir une chasuble fluorescente, visible jusque dans la nuit ; on vient occuper les ronds-points parce que, sinon, on n'existe pas, parce que médias et élus ne nous entendent pas, ne nous voient pas.

Aussi, monsieur le ministre de la police et de la communication, que comptez-vous faire pour qu'ouvriers, employés, retraités, chômeurs, auxiliaires de vie sociale, auto-entrepreneurs, personnes handicapées, mères célibataires… aient la parole à la radio et à la télé, pour qu'on leur laisse mieux que des miettes ?

1 commentaire :

Le 08/03/2019 à 02:07, Pierrot de Pont a dit :

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Très judicieuse question sur un vèritable problème démocratique générant une fracture sociale gravement dommageable. Mais oú est passée l'œuvre d'artiste graffeur confisquée par la police et évaporée de la question ?

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