Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 20 février 2019 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Parti à la reconquête industrielle, M. Emmanuel Macron se rendait le 3 octobre 2017, sur le site Whirlpool d'Amiens, en présence de presque tous les médias du pays et aux côtés du repreneur Nicolas Decayeux qui affirmait aux salariés : « Tous ceux qui le souhaitent seront repris ». Avec naïveté, j'y ai cru. Avec naïveté, les 286 salariés y ont cru et sans doute aussi tous les journalistes du pays.

Le premier coup de canif a vite été donné, puisque 19 salariés se sont retrouvés sur une liste noire pour être trop compétents ou pas assez incompétents, selon les motivations. En réalité, ayant participé à la grève, ils n'ont pas été repris pour des motifs divers.

Deuxièmement, ce lundi, je recevais les sous-traitants de Prima France, anciennement Whirpool, à savoir 56 salariés, dont Christiane, qui, le 3 octobre 2017, avait été prise en photo avec M. Emmanuel Macron, lequel lui disait, en lui caressant la main : « Nous allons nous occuper de vous ». Elle est aujourd'hui sans solution, tout comme la majorité de ses collègues.

Plus globalement, il existe, sur le site WN d'Amiens, une énorme inquiétude. Quel est le projet industriel du repreneur, M. Decayeux ? Il a commencé par évoquer des boîtes à lettres électroniques – je ne sais pas vraiment en quoi cela consiste, mais je ne suis, il est vrai, pas très au fait de la modernité, il y a donc sans doute un marché –, puis des voitures électriques, et aujourd'hui, il parle de réfrigérateurs électroniques ! Or pour l'instant, aucune production n'est prévue. L'été, les salariés font du débroussaillage ; l'hiver, ils jouent aux cartes, alors que le repreneur a reçu 15 millions d'euros.

Le 4 octobre 2018, je demandais, dans une lettre adressée à la fois à l'Élysée, à la préfecture, au ministère du travail et à l'intersyndicale de Whirlpool, quel était le projet industriel de M. Decayeux. Cinq mois plus tard, je n'ai toujours pas de réponse, ni de l'Élysée, ni de la préfecture, ni du ministère, ni de l'intersyndicale.

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