Madame la ministre, je rappellerai tout d'abord que, lors de la campagne présidentielle, M. Emmanuel Macron s'était fixé pour objectif de mettre fin à l'hémorragie de l'emploi industriel. Or, le secteur industriel a perdu 10 700 emplois en 2017. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, 217 000 personnes travaillaient dans l'industrie voici dix ans ; elles sont 185 000 aujourd'hui.
Fermetures d'usines, départs à la retraite non remplacés, plans de départs volontaires, recours massifs au travail intérimaire, l'industrie continue de se restructurer sur le dos des salariés. Or notre pays ne peut avoir d'avenir sans industrie, je suis tout à fait d'accord avec vous, Madame le ministre. Mais nous ne pourrons pas maintenir nos industries dans un système fondé sur la course aux profits d'une minorité d'actionnaires.
Vous nous invitez à réfléchir à l'industrialisation, sujet important. Permettez-moi de ne pas partager tous vos objectifs, ni tout ce que vous venez de mettre en place. Prenons, par exemple, le coût du travail. Depuis 2013, par l'intermédiaire du CICE, 111 milliards d'euros ont été alloués aux entreprises, pour 100 000 emplois maintenus ou créés ; cela fait cher l'emploi ! C'est tout à fait regrettable, d'autant que les actionnaires, eux, multiplient leurs dividendes – 57 milliards d'euros. C'est énorme ! On ne peut parler de partage des richesses.
Madame la ministre, quand la SNCF veut supprimer des TGV, quand des lignes de TER ferment, quand les prix de l'essence explosent et que les services publics ferment, il est difficile de maintenir l'attractivité d'un territoire !
Enfin, il y a des intérêts à donner de nouveaux droits aux salariés. Je prendrai l'exemple de l'usine Arjowiggins, dont la lutte des salariés a permis de trouver un repreneur, mais aussi de Scop-Ti qui a redémarré une activité dans le thé, en coopérative solidaire. Si les salariés détenaient plus de pouvoirs dans les entreprises, il est certain que moins d'usines fermeraient.