Intervention de Jean-Michel Clément

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 15h00
Débat en vue du conseil européen des 21 et 22 mars 2019

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Clément :

Les 21 et 22 mars prochains, le Conseil européen se réunira à Bruxelles. Ce sommet sera le dernier avant la date normalement prévue pour mesurer pleinement les conditions de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et celle des élections européennes, qui auront lieu dans un contexte politique et juridique très différent de celui de 2014.

Au préalable, le groupe Libertés et territoires souhaite rappeler que la France n'est pas à ce point exemplaire, notamment en matière de maîtrise de ses dépenses publiques, pour se présenter, par la voix de son président s'adressant à tous les citoyens européens, comme l'homme providentiel, le seul capable de définir les contours d'une nouvelle Europe.

Si des inquiétudes existent sur les conditions de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, sur l'intégrité des prochaines élections, menacées par la désinformation en ligne, sur les atteintes de plus en plus répétées à l'état de droit au sein de l'Union européenne, notamment par la Hongrie, la Pologne et la Bulgarie, sur notre échec collectif, en ce qui concerne la situation des migrants, sur le terrorisme, sur les règles de concurrence tant européennes qu'internationales, nous ne pouvons rester figés dans une posture négative à l'égard de l'Union européenne. L'Europe est peut-être ébranlée dans ses fondamentaux, mais elle est indispensable pour l'avenir de chacun de ses États membres et de ses citoyens.

Si le marché unique ne peut constituer à lui seul un projet pour l'Union européenne, il reste encore, avec ses imperfections, un vecteur de développement et de protection. Ainsi, en cinq ans, près de 12 millions d'emplois ont été créés au sein de l'Union européenne. Le marché unique a contribué à ce résultat qui replace l'Union dans une dynamique d'avenir, dix ans après les violentes secousses d'une crise économique et financière venue de l'autre côté de l'Atlantique.

L'ordre du jour du Conseil européen prévoit justement de débattre du développement et du futur du marché unique, et, à travers lui, de l'accroissement de la prospérité et de la richesse des citoyens de l'Union européenne. Cependant, le groupe Libertés et territoires, souhaite que ce Conseil européen accorde une place importante à la protection des femmes et des hommes dans ce marché unique : l'Europe doit construire un nouveau modèle de développement, en tenant compte, entre autres, du marché du numérique, qui va générer ressources et emplois pour notre économie.

Nous avons tous conscience que nous devons agir – et agir efficacement – dépasser les déclarations de bonnes intentions et oeuvrer activement pour une Europe forte et protectrice.

La protection de l'environnement doit être une de ses priorités, et notamment la lutte contre le changement climatique. Au sein de notre groupe, nous pensons que l'Union européenne doit prendre le leadership de l'action climatique au niveau mondial, mais, pour cela, il faut que ses États membres soient exemplaires.

De ce point de vue, nous ne manquons pas d'être inquiets des propositions que contient la missive présidentielle, qui, en la matière, n'a que de faibles ambitions. Comment aurait-il pu en être autrement quand nous-mêmes n'avons pas su prendre le virage qu'impose la situation climatique ? Avant de donner des leçons, encore faudrait-il être irréprochables et respecter nos engagements pris lors de la COP21 !

Si l'Union européenne a su montrer le chemin de la paix après deux guerres mondiales dévastatrices, elle doit aujourd'hui montrer le chemin de l'indispensable préservation de notre planète, elle doit être le héraut de cette lutte contre les dramatiques conséquences du changement climatique, et, plus globalement, montrer l'exemple en matière de développement durable. Celui-ci doit irriguer toutes les politiques européennes et être présent dans toutes les actions extérieures de l'Union.

Alors même que se profile le sommet Union européenne-Chine du 9 avril prochain, visant à développer un partenariat stratégique avec ce pays, il est indispensable de mettre la protection de l'environnement au coeur des engagements bilatéraux. De plus, comment ne pas se montrer préoccupés lorsque la Chine organise, depuis 2012, son propre sommet annuel avec seize pays amis d'Europe centrale et orientale ? En regroupant au sein de la même plate-forme des pays membres de l'Union européenne, des pays membres de la zone euro et d'autres qui ne le sont pas, la Chine se propose de dessiner à sa convenance les frontières européennes.

L'Union européenne doit se montrer extrêmement vigilante quant à la préservation de son unité, à laquelle la Chine pourrait porter atteinte. Il suffirait que deux pays supplémentaires rejoignent le groupe 16+1 pour que la majorité qualifiée change de camp et que l'influence de la Chine plane sur l'Union européenne.

Ce prochain Conseil européen doit réaffirmer les fondamentaux d'une Europe bientôt privée d'un de ses membres et menacée face au nouvel ordre politique et économique mondial. Il ne s'agit pas de faire renaître l'Europe, mais d'engager un nouvel élan, une nouvelle impulsion collective, respectueuse de chaque État qui la compose et en fait la richesse.

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