Avec le marché unique du secteur agricole et alimentaire, nous touchons au coeur des contradictions qui minent tout renouveau du projet politique européen : d'un côté, l'affichage, les jolis mots en faveur d'une Europe qui s'engage pour la transition agroécologique, protégeant ses 10 millions d'actifs agricoles et ses 510 millions de consommateurs ; de l'autre, la réalité, celle d'une Commission européenne et de chefs d'État et de gouvernement tenants de l'ouverture des marchés, impulsant des accords de libre-échange où l'agriculture sert de simple variable d'ajustement, avec des menaces sur l'environnement et sur la qualité sanitaire et gustative de l'alimentation européenne, et favorisant un dumping au service exclusif des grands groupes de l'agroalimentaire et de la distribution.
Nous sommes à l'heure des choix pour refonder l'Europe. Mais ces choix supposent un préalable : se dégager au plus vite du fanatisme du tout-marché, qu'il soit extra ou infra-communautaire, car le tout-marché, c'est de toute façon la politique du tout-venant sans contrôle, sans garantie et sans efficacité pour les Européens !
Au nom du groupe GDR, je vous interroge donc sur trois points, madame la ministre. La France est-elle prête à protéger le secteur agricole alimentaire européen en l'excluant des accords de libre-échange, ce qui implique la reconnaissance d'une exception agricole ?
La France est-elle prête à défendre concrètement, dans le cadre du marché unique, l'exigence de strict respect des principes de réciprocité et d'égalité en matière de normes sanitaires, environnementales et sociales, alors qu'elles sont toutes deux bafouées aujourd'hui ?
La France est-elle prête à défendre réellement la garantie de traçabilité des productions sur le marché européen, ce qui suppose d'assurer l'étiquetage du pays d'origine pour tous les produits agricoles, à l'état brut ou transformé ?