Douze personnes, dont des dirigeants politiques élus démocratiquement par le peuple, ont été emprisonnées depuis octobre 2017. Ces faits ne se produisent pas dans une région du monde en proie à des dictatures, mais dans notre Europe démocratique, aux portes de la France. Depuis le 12 février dernier, en effet, l'Espagne juge six membres du gouvernement de la Generalitat de Catalunya, le président du parlement catalan ainsi que des présidents d'association.
Les chefs d'accusation sont tous plus disproportionnés les uns que les autres : rébellion, sédition, désobéissance, détournement de fonds et même conspiration criminelle. Leur supposé crime a été l'organisation d'un référendum, le 1er octobre 2017, sur l'autodétermination de leur entité politique, à savoir leur pays : la Catalogne. Pourtant, le scrutin s'est déroulé sans aucune forme de violence de la part des électeurs ou des organisateurs. Les observateurs présents ont pu constater que les violences ont été exercées par la guardia civil elle-même, c'est-à-dire par la police espagnole.
Face à une situation de blocage et de crise, la réponse ne peut pas être judiciaire : elle ne peut être que politique. Les dirigeants politiques accusés n'ont fait qu'exécuter le mandat pour lequel ils avaient été élus à l'automne 2016, à l'issue d'élections régionales dont le scrutin était légitime, démocratique et reconnu comme tel.
Dès lors, juger l'action des dirigeants catalans revient à juger le peuple catalan lui-même. La question n'est pas ici de savoir si l'on est pour l'indépendance de la Catalogne ou pour la défense de l'unité espagnole : si l'on se dit démocrate, on doit évidemment réagir. L'Union européenne se doit donc de le faire. À l'heure de la montée des populismes et des partis réactionnaires, à l'heure de l'accession au pouvoir en Europe de chefs d'État autoritaires bafouant la liberté d'expression, l'Union européenne ne peut plus fermer les yeux devant cette attaque des droits de l'homme.
Le peuple catalan a au moins un droit : celui de choisir son futur. Et, évidemment, les droits de l'homme légitiment son autodétermination s'il désire exercer ce droit. Le groupe Libertés et territoires estime que le Conseil européen aurait tout intérêt à se saisir de cette question. Je remarque que le peuple catalan a jusqu'ici fait preuve d'un pacifisme qui me remplit de fierté pour lui, car je pense que, dans bien d'autres pays, on en serait arrivé à une dictature, comme en Serbie. On aurait intérêt à remettre tous les intéressés autour de la table pour discuter d'une solution politique et négociée.
Le 13/03/2019 à 17:52, Laïc1 a dit :
L'indépendance de la Catalogne n'est pas négociable, si j'ai bien compris la position de Madrid.
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