Monsieur le président, je vous remercie d'avoir permis que je remplace Elsa Faucillon, qui a eu un empêchement de dernière heure.
II y a un an, le 14 février 2018, un jeune Pakistanais qui avait obtenu la protection subsidiaire de la France se suicidait en plongeant dans la Seine. Il avait 17 ans. Comme de nombreux mineurs non accompagnés, Malik Nurulain avait été pris en charge par l'ASE, l'aide sociale à l'enfance, mais, faute de place dans un foyer adapté, il avait été logé seul à l'hôtel, sans encadrement adéquat, malgré une grande détresse psychique.
Le placement en hôtel est malheureusement le cas de nombreux jeunes pris en charge par l'ASE – les mineurs non accompagnés, évidemment, mais aussi des jeunes dits « difficiles ». Le reportage de l'émission Pièces à conviction intitulé « Les sacrifiés de la République » montrait notamment des cas de jeunes victimes de violences, placés à l'hôtel et laissés à eux-mêmes à 15 ans, sans véritable suivi. Ce système a pourtant un coût non négligeable pour l'ASE – entre 60 et 80 euros par nuit – et, surtout, un coût humain : comment se construire, adolescent, seul dans un hôtel ?
La loi de 2016 remettait l'enfant au centre de l'intervention et veillait à sécuriser son parcours, mais comment préparer un projet personnel pour l'enfant en présence de plusieurs référents ? Comment sécuriser son parcours, notamment de soins, lorsque le jeune est seul à l'hôtel ?
En obligeant les jeunes à quitter l'ASE à 18 ans, on les met au pied du mur et on leur demande d'être autonomes avant tout le monde. Laisser des jeunes de 15 ans à l'hôtel par manque de places ou de moyens, c'est un réel abandon de la part de l'État, qui peut mettre des jeunes en danger, comme le prouve le cas dramatique de Malik Nurulain.
Quand construira-t-on des places supplémentaires et interdira-t-on enfin de laisser des enfants seuls à l'hôtel ?