Intervention de Jean-Bernard Sempastous

Séance en hémicycle du mercredi 6 mars 2019 à 22h00
Débat sur l'avenir du secteur hydroélectrique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Bernard Sempastous :

Les négociations doivent se poursuivre dans le respect des lignes rouges : renouvellement des seules concessions échues et égale concurrence. Une avancée doit être notée, puisque la possibilité pour EDF de concourir semble admise.

J'en profite par ailleurs pour combattre quelques idées fausses souvent entendues. Ainsi, le régime de la concession signifie qu'il n'y aura pas de privatisation des barrages : l'État est et restera le propriétaire des ouvrages, et l'exploitation sera encadrée par un cahier des charges. La reprise du personnel en place est garantie par la loi de 2015.

La remise en concurrence permettra d'optimiser la gestion de nos barrages et de relancer l'investissement tant attendu, tout en redistribuant des ressources financières vers les territoires.

Toutefois – j'insiste sur ce point – les renouvellements doivent être bien préparés, main dans la main avec les collectivités et les territoires, pour prendre en compte les spécificités locales et la complexité du sujet hydraulique.

Élu d'une circonscription de montagne, je sais l'importance de la concertation que les hydroélectriciens mènent avec les acteurs locaux, au vu des enjeux cruciaux qui existent dans les vallées, autour des centrales : conciliation avec la pêche et les sports d'eau vive, dialogue régulier avec les associations environnementales, contribution à la production de neige de culture pour les stations de ski, sans oublier la participation au soutien des étiages, enjeu majeur dans le contexte du réchauffement climatique, notamment pour coordonner les besoins en irrigation. L'héritage historique des barrages doit également être pris en considération : liens avec les territoires, mais aussi emplois. Je pense notamment aux relations avec les sous-traitants.

J'appelle votre attention, madame la secrétaire d'État, sur cette véritable complexité qui devra être concrètement intégrée aux cahiers des charges, tant pour définir les enjeux que pour suivre la concession.

Cette complexité invite également à réfléchir à la mise en place de formules partenariales sur les territoires, notamment entre l'opérateur économique, qui pourrait rester majoritaire, et d'autres acteurs publics qui pourraient être présents au capital – en particulier les collectivités.

En conclusion, je souhaite revenir sur le potentiel de développement de cette filière : il existe, mais il est insuffisamment valorisé dans notre politique énergétique. Sur les territoires, au-delà des concessions existantes, de nouveaux projets de centrales demandent à exister ; les opérateurs économiques et les collectivités sont force de proposition. Pourquoi ne pas lancer des initiatives publiques, comme des appels d'offres, pour leur permettre d'émerger ?

Pensons aussi à valoriser et renforcer les compétences scientifiques et techniques des exploitants, pour s'assurer de leurs capacités en recherche et développement et en innovation. Première source d'énergie renouvelable, l'hydroélectricité est en effet aussi une énergie d'avenir stratégique pour notre pays.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.