Les employeurs y prendraient toute leur part.
Deuxièmement, le SMIC est un salaire de croissance : l'augmenter, c'est permettre la participation au développement économique de la nation.
Or, depuis son arrivée aux responsabilités, le Gouvernement s'est refusé à revaloriser le salaire minimum. Si le SMIC augmente annuellement, c'est seulement en raison de la formule d'indexation automatique légale. C'est loin d'être suffisant, car cette indexation est elle-même bridée par le fait que l'ensemble des bas salaires augmentent faiblement.
La pression exercée sur les bas salaires par le Gouvernement et le patronat nous empêche de nous placer dans une dynamique de hausse des salaires. C'est pourquoi il convient de sortir de cette spirale de compression salariale. Cela est d'autant plus urgent que, rappelons-le, le SMIC est pour nombre des salariés de nos petites entreprises le dernier rempart, faute de négociation collective.
Troisièmement, augmenter le SMIC, c'est augmenter le salaire socialisé, c'est-à-dire le salaire qui ouvre des droits à la retraite ou au chômage. Or, si le salaire net augmente faiblement, le salaire brut stagne, du fait des multiples exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires dont jouissent les employeurs. Nous consacrons ainsi près de 60 milliards d'euros par an à ces politiques qui ont des effets médiocres en matière d'emploi, dont 20 milliards au seul CICE, vous le savez.
Cette fuite en avant dans la baisse prétendument nécessaire du coût du travail n'est ni efficace, ni bénéfique aux travailleurs eux-mêmes car elle les maintient, comme cela a été dit, dans des trappes à bas salaires et fragilise en outre un peu plus le financement de notre modèle de protection sociale. Augmenter le SMIC et les salaires, c'est donc sortir de cette spirale mortifère et accroître les droits en matière de couverture sociale.
Quatrièmement, augmenter le SMIC, c'est reconnaître le travail et la contribution du travailleur à la production de richesses, car reconnaître le travail ne peut pas passer par une allocation sociale versée par l'État et financée par l'impôt. Les salariés ne demandent pas la charité, ils demandent de pouvoir vivre dignement de leur travail. La prime d'activité est une solution de court terme à la question du pouvoir d'achat qui laisse l'État se substituer aux employeurs dans le paiement des salaires. Augmenter les salaires, c'est donc aussi responsabiliser les employeurs dans leur rôle social.
Cinquièmement et dernièrement, augmenter le SMIC et les salaires, c'est favoriser l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Enfin, 60 % des smicards sont des smicardes ! Ce seul chiffre devrait vous interpeller, vous inciter à ne plus vous en tenir aux bonnes intentions et à agir en faveur des salaires des femmes.
Mes chers collègues, cette augmentation n'est pas irresponsable, car nous proposons d'accompagner parallèlement les petites et moyennes entreprises au moyen d'une réorientation des aides publiques aujourd'hui distribuées sans contreparties. Le gaspillage d'argent public que constitue le CICE devrait nous conduire à conditionner les aides au respect de critères de créations d'emplois et d'activité, de solidarité territoriale et de transition écologique.
Dans ces conditions, la majorité est-elle ce jour, sera-t-elle demain, lorsque vous allez rendre votre copie sur le grand débat aux Français, la droite à la fois la plus antisociale et la moins intelligente ? Ira-t-elle jusqu'à fermer la porte à un nouveau pacte de solidarité pour notre pays qui est préconisé même par des économistes libéraux ? Sera-t-elle la droite la plus cynique, alors que votre président, grand commandeur de votre majorité, prétend être le grand leader progressiste de l'Europe en promettant un salaire minimum européen ?
La décence vous impose de vous dégeler et de vous dérouiller les cuisses pour que nos concitoyens vivent dignement de leur travail.