Intervention de Roland Lescure

Réunion du mardi 5 mars 2019 à 16h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Lescure, rapporteur général :

Les privatisations vont nous permettre de contribuer légèrement au désendettement de l'État. Mais, vous avez raison, ce n'est pas suffisant et cette opération répond également à notre volonté de changer le rôle de l'État dans l'économie française et, de ce point de vue-là, je pense que nous sommes d'accord pour ne pas être d'accord. Pour notre part, nous pensons que l'État au xxie siècle doit être un État stratège, un État innovant, un État protecteur, mais pas un État qui s'assoit sur les dividendes d'entreprises commerciales.

L'innovation est essentielle : elle se fait dans les garages, pas dans le VIIe arrondissement, et l'État entend la soutenir, grâce au fonds d'innovation.

En outre, nous n'avons pas assez insisté sur le fait que la France doit disposer d'un aéroport de classe mondiale. J'entends dire ici ou là qu'ADP est une entreprise fantastique qui se porte très bien ; mais, selon le classement des voyageurs internationaux, Orly et Charles-de-Gaulle, qui sont au premier rang en termes de trafic, ne se classent qu'au trente-septième rang en termes de qualité de service ; peut-être vous en satisfaites-vous, moi pas : je veux pour la France, pour l'Île-de-France et pour notre compagnie aérienne nationale un aéroport de classe mondiale.

Par ailleurs, un certain nombre de contre-vérités circulent sur ces privatisations, et je souhaite donc rappeler que les dividendes d'ADP ne constituent pas une rente. Nous ne parlons pas d'obligation d'État mais d'un actif économique. D'ailleurs, les dividendes d'ADP ont baissé de 40 % entre 2008 et 2010, et de 15 % entre 2015 et 2016 : ne venez donc pas me dire qu'en affectant les dividendes d'ADP à un fonds d'innovation, nous assurons des recettes sûres et pérennes à ce dit fonds, ce n'est pas vrai !

Concernant la régulation des tarifs, il y a eu des avancées en première lecture et au Sénat. On a évoqué les autoroutes, privatisées par des majorités de gauche et de droite : nous apprenons des erreurs du passé, et les tarifs seront négociés régulièrement, l'État ayant le dernier mot, sans avoir besoin, comme il est obligé de le faire aujourd'hui, d'aller quémander à genoux des efforts aux sociétés d'autoroutes.

Enfin, Monsieur Ruffin, vos insinuations ne sont pas des informations.

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