Ce débat est fort intéressant, et je puis comprendre aussi bien la position de M. Potier que celle de Mme la secrétaire d'État. Chacun a raison, à sa façon. Je souscris totalement aux propos de M. Potier, lorsqu'il dit que ce qui est mauvais pour nous est également mauvais pour les autres : c'est une lapalissade, et je pense effectivement que nous ne devrions pas exporter ce dont nous ne voulons pas chez nous. J'entends aussi l'argument de Mme la secrétaire d'État, qui consiste à dire que si nous n'exportons pas ces produits, ce sont d'autres pays qui le feront, par exemple nos voisins allemands. Nous nous tirerions donc une balle dans le pied, sans mettre fin aux problèmes qui se posent dans les pays importateurs.
Cela étant, je m'étonne un peu que des membres de la majorité défendent de pareils amendements le jour même où le Président de la République publie une tribune en faveur de l'Europe. En effet, la réponse au problème dont nous débattons doit nécessairement être européenne. Si nous interdisons l'exportation de ces produits depuis la France, il faut que la même interdiction s'applique en Allemagne, en Pologne, en Hongrie et dans tous les pays de l'Union européenne. C'est seulement de cette manière que nous pourrons, sinon mettre fin aux désordres décrits par M. Potier – car on peut redouter que des pays comme la Chine et l'Inde prennent le relais –, du moins les réduire fortement. Proclamer le matin, dans toute la presse nationale et régionale, qu'il faut agir à l'échelle européenne, pour avoir un tel débat ce soir, c'est insensé ! Cela signifie que la tribune de ce matin ne servait à rien. Si nous n'arrivons pas à avoir un consensus européen sur cette question, comment voulez-vous que nos concitoyens croient à l'Europe ?