Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mardi 17 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Présentation commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Évidemment non. Cela ne sert qu'à mécontenter tout le monde. Les Français n'y comprennent rien, c'est de la gesticulation fiscale et sociale.

Les retraités sont-ils devenus les adversaires de la République ? L'opposition que vous faites entre les actifs et les retraités mérite-elle le gel de leurs pensions en 2018 et l'augmentation de 25 % de leur CSG ? Les retraités français ont souvent travaillé plus de quarante heures par semaine, dans des conditions parfois bien plus pénibles qu'aujourd'hui. Ils n'ont pas un pouvoir d'achat meilleur que celui des actifs. Et pourtant, le Président oppose les générations et rompt le pacte social.

Autres perdants : les épargnants, avec plusieurs exemples à l'appui. Je n'en citerai qu'un : les détenteurs d'un plan d'épargne logement. Alors qu'il s'agit d'un placement très précieux pour l'accession à la propriété, vous avez décidé de le soumettre à un prélèvement de 30 %, bien supérieur au prélèvement actuel, et appliqué dès le premier euro. Par cette mesure, vous décidez purement et simplement de la mort des plans d'épargne logement.

Mais la « taxemania » ne s'arrête pas là. Votre réforme de la fiscalité du diesel sera la double peine pour les Français puisque la montée en puissance de la taxe carbone sera assortie d'un alignement sur la fiscalité de l'essence, avec une hausse de 30 centimes par litre d'ici à 2022. Toutes les personnes n'ayant pas d'autre choix que de rouler au diesel en seront affectées. Et la hausse massive du prix du tabac – même si une politique de santé publique peut la rendre compréhensible – pénalisera de nombreux Français modestes et augmentera encore la contrebande de cigarettes.

Enfin, par l'augmentation du coût du travail, ce budget dégrade la compétitivité des entreprises : c'est la vérité pure et simple, même si l'on n'en a pas toujours conscience. Il s'agit, certes, d'un budget pour les entrepreneurs, mais pas pour les entreprises.

Si vous avez décidé d'augmenter les charges patronales, la réforme du CICE que vous avez choisie n'est qu'un extraordinaire jeu de bonneteau. Dans l'opposition, nous sommes évidemment, comme nous l'avons bien souvent dit et écrit, favorables à une transformation du CICE en baisse de charges pérenne…

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