Intervention de Dominique Potier

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je partage avec Erwan Balanant les mêmes sources et le même combat. Je propose, par mes amendements nos 729 et 728, une publication des écarts de salaires par quartile dans chaque pays où l'entreprise est implantée. C'est une excellente idée que de le faire pour la France et je reprendrais en séance son amendement n°°549 si, par malheur, il n'était pas adopté.

Représentant aujourd'hui l'ensemble de la gauche dans sa diversité, je vais m'efforcer de dire avec discernement le pourquoi de ces amendements – j'essaie, tout en étant constructif, de rester critique. Si Boris Vallaud était là, il répéterait cette phrase devenue fétiche : il y a parfois pire que de ne rien faire, c'est de faire semblant. Si l'on veut vraiment la transparence, il ne faut pas faire semblant.

Ce que propose l'ONG Oxfam, c'est un outil pour établir cette transparence. Le Royaume-Uni, les États-Unis n'ont pas fait mourir leur économie en établissant la transparence ; donner accès à l'information s'inscrit dans la logique libérale, dans la mesure où chacun reste libre – il ne s'agit pas de limiter les salaires.

Cela me semble essentiel si notre volonté est bien de refaire société, de considérer le bien commun, d'entendre le cri des gilets jaunes, de construire avec les générations futures. Il faut nous donner les outils de cette transparence. D'où vient cette hésitation ? Qu'est-ce qui vous retient ? Au nom de quels intérêts peut-on maintenir l'opacité sur des documents établis par les comptabilités ? Si les pratiques salariales sont honteuses, il faut les changer ! Nous n'avons pas le droit, nous législateur, de cacher cette honte ; nous devons dire les choses telles qu'elles sont.

La réduction des écarts de salaires à l'intérieur des entreprises, dans les pays, entre les pays, c'est l'un des combats du XXIe siècle. La vraie révolution n'est pas quantitative ; elle consiste en une croissance qualitative, fondée sur le partage des biens et le développement de nouvelles sources de prospérité qui n'épuisent pas les ressources. Alors que les sociétés sont fragmentées et que la planète espère une civilisation à la hauteur, nous ne pouvons pas négliger ce tout petit instrument de transparence et de loyauté. Ayons le courage d'être loyal dans l'économie actuelle ! Si le législateur doit protéger ceux qui ont honte de leur richesse, alors nous ne sommes pas dignes de représenter le peuple.

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