Intervention de Jean-Claude Leclabart

Séance en hémicycle du lundi 11 mars 2019 à 21h30
Agence nationale de la cohésion des territoires — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Leclabart :

La France s'est bâtie sur des territoires dont chacun a façonné notre pays. Ils sont variés, tout comme le sont leurs problématiques. Il est dès lors indispensable que l'État et ses opérateurs procèdent à une modernisation de leurs interventions et adaptent leurs outils aux nouveaux besoins des élus et des concitoyens.

La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui constitue la réponse pragmatique formulée par les représentants des élus pour simplifier le paysage des opérateurs de l'État intervenant au profit des territoires. Elle a donné lieu à des échanges animés en commission, qui ont permis de faire évoluer le texte.

Élu d'un département rural – ma circonscription compte 231 communes – , je suis bien conscient que de nombreux projets de territoires n'aboutissent pas en dépit de l'engagement et du dévouement des élus qui les soutiennent. Ces derniers rencontrent bien souvent des difficultés à les réaliser, notamment dans les plus petites collectivités et les territoires fragiles. Nous ne pouvons plus continuer à entretenir cette défiance. Au vu de l'expérience transmise depuis le terrain, il a donc été jugé nécessaire de créer une Agence nationale de la cohésion des territoires, l'ANCT, dont le rôle sera de permettre à l'État d'agir en partenariat avec les territoires afin de les aider à développer leurs projets. À travers cette agence, l'État pourra assumer son rôle de pilotage stratégique et donner une impulsion nouvelle à des politiques vitales pour nos territoires. Une simplification au service des élus locaux : tel est le sens de l'agence que nous voulons créer.

Concernant son mode de fonctionnement, les porteurs de projets solliciteront le préfet du département qui, tel un bon entrepreneur, mettra les acteurs concernés autour de la table pour définir les besoins, notamment en ingénierie. L'examen des projets sera donc décentralisé et leur instruction, déconcentrée. L'agence devra faire du cousu main en partant des volontés et des besoins locaux. On passera ainsi d'un État prescripteur à un État accompagnateur et facilitateur. L'objectif n'est pas de créer une administration lourde mais un guichet unique fédérant et coordonnant des organismes et des services existants : CGET – Commissariat général à l'égalité des territoires – , Agence du numérique et EPARECA – Établissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux. L'agence fédérera ainsi les énergies et compétences disponibles en plaçant les acteurs du territoire au coeur du dispositif.

Lors de l'examen du texte en commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, 414 amendements ont été présentés, dont 81 ont été adoptés. Ils ont permis de préciser et de renforcer les missions de l'agence, de rétablir la majorité de l'État dans le conseil d'administration, d'introduire les contrats de cohésion territoriale et de clarifier le fonctionnement du comité de cohésion territoriale.

Il en est ressorti de nombreuses avancées : les cibles prioritaires des actions de l'agence ont été étendues, incluant les projets innovants et plusieurs types de territoires caractérisés par des contraintes géographiques, des difficultés sociales, etc. En outre, dans un contexte de sous-consommation des fonds européens, il est désormais prévu que l'agence assiste les porteurs de projets dans leurs demandes de subventions au titre de ces fonds. Dans une volonté de faciliter le mécénat de compétences, l'agence favorisera la coopération entre les territoires et la mise à disposition réciproque de compétences entre collectivités territoriales ou entre groupements. L'agence assurera la mise en oeuvre déconcentrée de la politique de l'État au moyen de contrats de cohésion territoriale détaillant les actions nécessaires pour réaliser le projet, le calendrier prévisionnel et les moyens engagés. Pour éviter les décisions prises en silo pouvant notamment conduire à la fermeture de services publics, elle exercera également une mission de veille et d'alerte et étudiera l'impact territorial de décisions prises par les opérateurs publics comme privés.

C'est bien de concret que les territoires ont besoin ; ils veulent de l'opérationnel, une mise en cohérence des politiques publiques ainsi que des moyens pour entreprendre, développer et innover. L'agence veillera donc à ce que l'élaboration des politiques publiques prenne vraiment en considération la dimension territoriale.

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