Intervention de Jean-Michel Clément

Réunion du mardi 18 décembre 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Clément :

Je prends la parole au nom du groupe Libertés et territoires pour dire que la lecture du Pacte m'a laissé partagé. On peut évidemment se louer de l'existence d'un texte qui signifie que les États se sont penchés sur la question collectivement, et j'ai conscience de la difficulté de la tâche qui était la vôtre, mais j'ai été envahi par un sentiment de tristesse. Le phénomène auquel nous faisons face a toujours existé. Relisons Catherine Wihtol de Wenden, Benjamin Stora, François Héran, et nous saurons quelle est la réalité : le monde n'est fait que de migrations en tous sens. Le nombre de migrants ne fera que s'amplifier car de multiples désordres contraindront bien des gens à prendre le chemin de l'errance. Hier, ils fuyaient les conflits. Aujourd'hui, les causes sont plus pernicieuses : il y a des aspects économiques, mais demain, en conséquence des dérèglements climatiques, se posera aussi le problème de l'accès à l'eau et aux terres arables. On ne tient pas suffisamment compte de ces éléments ; et pourtant, quelles sont déjà les conditions de vie et de travail des Indonésiens, des Pakistanais, des populations des pays du Golfe ? Il y a lieu de s'interroger sur les causes réelles des migrations. Face à la violence déshumanisée qu'elles déchaînent, un Pacte qui n'est qu'une charte de bonne conduite et de bonnes pratiques, une déclaration d'intention, déçoit. Ma déception s'est encore approfondie lorsque je vous ai entendu expliquer que les négociateurs s'étaient refusé à définir de nouvelles catégories de migrants, notamment les migrants climatiques. Ce seront pourtant les migrants de demain ; si l'on se voile la face au lieu de prendre le sujet à bras-le-corps, je me demande à quoi l'on parviendra.

Le plus affligeant, c'est la contraction permanente de la notion d'universalisme. Il est atterrant de constater qu'un pacte non contraignant provoque des violences en Belgique – en Belgique, pensez donc ! – et des comportements éminemment politiciens justement dénoncés, et qu'un pays tel que l'Australie s'y oppose. Que de mépris envers l'humanité !

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