Intervention de Olivier Véran

Réunion du mardi 5 mars 2019 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Véran, rapporteur général :

Madame la présidente, certains des amendements qui seront déposés sur ce texte, qui était très attendu, relèveront de questions budgétaires et seront donc examinés à l'occasion du prochain PLFSS. Permettez-moi de remercier les deux rapporteurs qui travaillent dessus depuis des semaines.

Le vrai coup de coeur, c'est la suppression du numerus clausus. Boucherie, gâchis, combien de milliers de vocations ont été brisées sur l'écueil d'un concours quasiment inaccessible ? Je m'y suis moi-même pris à deux fois pour l'avoir. La première fois, j'ai échoué à cause de deux QCM, dont l'un traitait d'Aristote… Je n'ai jamais été convaincu que l'on pouvait sélectionner des médecins de qualité sur la base de QCM portant sur la philosophie ou la métaphysique… La médecine française et l'ensemble des professions de santé gagneraient à revoir les modes de sélection. Actuellement, c'est un peu une course en sac mémorielle : c'est celui qui a la meilleure mémoire qui ira le plus loin, sans qu'il soit tenu compte de ses capacités de raisonnement ou de ses relations humaines. D'ailleurs, une fois le Graal du concours obtenu, 20 à 25 % des personnes renoncent à poursuivre, après s'être rendu compte que, finalement, elles n'étaient pas faites pour cela.

La mesure est d'autant plus opportune que nous en avons marre de payer des chasseurs de têtes pour aller chercher des médecins en Roumanie, qui a le droit de garder ses praticiens, et de voir des bataillons d'étudiants français s'inscrire dans des facs francophones, en Espagne, en Roumanie ou ailleurs. S'il est possible de faire la différence – pour peu que vous vouliez la faire – entre un médecin français et un médecin roumain, la faire entre un médecin français diplômé en Roumanie et un autre formé en France sera un peu plus compliqué… Cette suppression est une décision courageuse, dont je vous remercie.

Le projet de loi vise également à dynamiser les hôpitaux de proximité, lesquels sont souvent destinés à des populations assez âgées – la moyenne d'âge y est de quatre-vingt-quatre ans –, à les équiper de plateaux techniques, pour faire revenir de l'activité et réduire les taux de fuite dans les territoires concernés : on peut s'inquiéter de voir un patient préférer faire trente bornes de plus pour aller se faire soigner plutôt que de se rendre dans l'hôpital le plus proche. Les territoires ruraux et semi-ruraux attendent d'autant plus impatiemment cette mesure, d'autant que l'hôpital y est souvent le premier employeur, qu'il est un lieu de formation et souvent le dernier service public encore ouvert.

Pour renforcer la réhabilitation des hôpitaux des territoires désertifiés et améliorer encore leur qualité, ne pourrait-on pas envisager de créer les conditions permettant à des médecins très expérimentés d'aller y exercer une partie de leur activité, sans les forcer ? Les professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH), par exemple, parvenus en fin de carrière, peuvent continuer à exercer pendant un, deux ou trois ans – c'est ce qu'on appelle le consultanat –, selon certains critères. Ne pourrait-on pas intégrer à ces critères le fait de consulter en partie dans des hôpitaux périphériques ? Non seulement ce PU-PH capé et très connu dans son territoire attirerait les patients et leur donnerait confiance, mais il viendrait accompagné d'externes et d'internes, qui pourraient découvrir ces établissements, les apprécier et peut-être avoir envie de s'y installer plus tard. Autant de petites choses que nous pourrions introduire dans la loi…

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