Monsieur le Premier ministre, je vais vous donner l'occasion de nous en dire plus sur ce sujet. La France se cabre devant votre politique. Dans tout le pays, a lieu une grande journée d'action, de mobilisation et de grèves, à l'appel d'organisations syndicales. Les Français manifestent en nombre pour l'augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, l'égalité entre femmes et hommes, un véritable droit à l'éducation et à la formation, le renforcement de notre protection sociale et de notre système solidaire de retraites, une réponse aux enjeux climatiques et environnementaux.
Et pour faire contre-feu, comme une provocation, c'est aujourd'hui que le MEDEF a rendu publiques ses propositions dans le cadre du grand débat, cette grande mêlée de laquelle vous cherchez à faire ressortir le ballon que vous y avez vous-même glissé. Mais au moins, les options sont sur la table.
Et dans ce moment de tension et d'incertitude, mais aussi de mobilisation sociale et de formidables aspirations à vivre en grand, vous avez visiblement décidé d'en remettre une louche. Quand on vous parle de progrès social, vous répondez journée de travail gratuit, allongement de la durée de travail et remise en cause du droit à la retraite, comme si vous n'en aviez pas déjà assez fait sur le sujet.
Même le Haut-commissaire à la réforme des retraites a semblé surpris par votre accélération. Le signal que vous envoyez est limpide : vous voulez poursuivre, coûte que coûte, faire taire les aspirations populaires. Vous préparez le terrain à de nouvelles régressions et vous chargez la balance pour qu'elle penche de votre côté, celui du camp antisocial. Monsieur le Premier ministre, que ne comprenez-vous pas dans les mots « justice sociale » ? Est-ce là votre réponse à la journée d'action ?
Voulez-vous allonger la durée de travail, qui garantit un vrai droit à la retraite, ou s'agissait-il, charitablement, de fournir une raison supplémentaire de se mobiliser ?