Mesdames les ministres, je vous félicite à mon tour de cette démarche courageuse tendant à supprimer le format des épreuves classantes nationales. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de jouer le trublion sur cette question, lorsqu'il est question d'empathie. Étant moi-même passé par ce cursus, je sais qu'évaluer l'empathie est on ne peut plus subjectif. C'est un problème délicat, qui risque de créer d'autres injustices. Certes, nous n'avons pas encore tous les contours de la réforme : certaines choses fonctionneront, d'autres non. Il ne faudra pas hésiter à remettre l'ouvrage sur le métier si de nouvelles inégalités apparaissent.
Il y a autant de spécialités que de personnalités de médecins : l'évaluation sera difficile, notamment au plan psychologique. Derrière un QCM, tout ingrat qu'il soit, et même s'il impose beaucoup de travail en amont, il existe un savoir théorique que nous ne pouvons pas remplacer. Que ce soit pour les ECN ou la PACES, il faudra être très vigilants.
Pour le grand public, je le sais, l'empathie et la relation aux malades sont très importantes : or leur apprentissage est très empirique dans notre métier. Le savoir théorique, quant à lui, est irremplaçable : il demande du travail et des sacrifices. Oui, ces épreuves classantes nationales entraînent de la frustration, mais l'exercice du métier aussi emportera son lot de frustrations : il faudra faire face à la mort, à la maladie et à des emplois du temps très contraignants. Si les médecins sont souvent perçus comme froids et distants, c'est souvent parce qu'ils manquent de temps et qu'il existe, je le répète, autant de types de médecins que de patients et de spécialités.